La barrière hématoencéphalique est une structure extrêmement étanche, peut-être même trop. Certes, elle empêche le passage des bactéries, des virus et de toutes molécules étrangères dangereuses entre le sang et le cerveau, mais elle nuit aussi à la livraison de médicaments pour soigner des maladies neurodégénératives, comme l’alzheimer et le parkinson. On estime que seulement 2 % des substances thérapeutiques sont en mesure de la franchir librement.

Dans l’espoir de mieux contourner cette barrière, les chercheurs l’étudient à l’aide de modèles créés à partir de cellules issues de cerveaux humains ou animaux et que l’on a transformées afin de les conserver pour toujours. Ces modèles présentent toutefois de nombreux désavantages, notamment en ce qui a trait à la reproductibilité des résultats. C’est ce qui a poussé Valérie Gaëlle Roullin, professeure à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, à mettre au point un modèle in vitro qui se veut plus fiable en reproduisant mieux la complexité d’un cerveau entier.

La chercheuse et son équipe ont donc utilisé des cellules extraites directement de cerveaux de souris afin de générer un modèle inédit en à peine 10 jours, alors qu’il faut normalement des semaines pour y parvenir. Qui plus est, ce modèle est plus accessible, puisque le protocole pour le mener à bien requiert peu d’équipements d’analyse spécialisés, entre autres.

Au final, ce nouveau modèle cellulaire est fiable à 80 % pour déterminer ce qui se passe au chapitre de la barrière sang-cerveau lorsque des médicaments tentent de la franchir en conditions saines, contre 40 % pour les modèles préexistants. En outre, il permet de battre en brèche l’idée que l’inflammation modifie la perméabilité de cette structure, modifiant ainsi notablement le passage des molécules thérapeutiques. Grâce à ces travaux, une nouvelle génération de médicaments plus biodisponibles pourrait voir le jour à plus ou moins long terme.