Toutes les bactéries produisent des polysaccharides à leur surface. Ces chaînes de sucres ont notamment pour rôle de protéger la membrane cellulaire. Mais le chimiste Charles Gauthier a décidé d’utiliser ce système de défense et de le retourner contre les bactéries. Il a développé un vaccin à base de sucres qui s’attaque à la bactérie responsable de la mélioïdose. Cette maladie tropicale s’avère mortelle dans 50 % des cas et résiste aux antibiotiques. Le chercheur de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) passera bientôt en phase préclinique pour vérifier la réponse immunitaire de son vaccin chez les souris.
Notre système immunitaire se défend en partie contre la mélioïdose. Il reconnaît les sucres à la surface de la bactérie et produit des anticorps. Cependant, cette maladie est tellement fulgurante que notre corps n’a pas le temps de réagir assez rapidement. En mettant le système immunitaire en contact avec ces sucres avant une infection, le chercheur espère que la production d’anticorps sera assez importante pour combattre la maladie et créer une immunité stérilisante. Il a couplé ces sucres à une protéine porteuse pour obtenir un vaccin glycoconjugué.
Travailler avec la bactérie responsable de la mélioïdose, Burkholderia pseudomallei, représente tout un défi. Comme elle peut voyager sur de longues distances sous forme de particules, elle constitue une arme biologique potentielle. Pour éviter de manipuler cette bactérie hautement dangereuse, Charles Gauthier a créé des mimes de ses polysaccharides en laboratoire. Il fonde beaucoup d’espoir envers un type de sucres en particulier : les lipopolysaccharides (ou LPS). Les molécules de LPS qu’il a synthétisées ont été reconnues par les anticorps présents dans le sang de personnes atteintes de mélioïdose. La prochaine étape consiste à faire la preuve de ce concept sur des souris.