Chercheur : 
Bissonnette, Jean-François

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

L’agroforesterie est promue par les chercheurs et intervenants des secteurs agricoles et forestiers depuis plus de deux décennies à l’échelle canadienne en raison des nombreux bénéfices écologiques et économiques qu’elle procure. Parmi ces bénéfices on retrouve une augmentation des rendements des cultures, des économies d’énergie significatives, une amélioration de la qualité des sols et de la gestion de l’eau. Cependant, malgré les bénéfices avérés des pratiques agroforestières (PAF), leur adoption par les producteurs agricoles demeure globalement faible au Québec. Si dans certains secteurs de production, l’agroforesterie est largement admise, il en va autrement dans d’autres où pourtant les innovations agroforestières pourraient favoriser une augmentation de la durabilité et de la rentabilité des pratiques.

Au regard de la littérature sur les contraintes à l’adoption de l’agroforesterie, il n’existe pas d’étude permettant de faire une analyse rétrospective des expériences des producteurs agricoles et des intervenants du milieu reliées aux PAF. Face à ce constat, nous cherchons ainsi à vérifier l’hypothèse selon laquelle, l’adoption des PAF dépend de la perception positive qu’en ont les producteurs agricoles et d’un accès suffisant aux connaissances nécessaires. Nous proposons une analyse comparative systématique de la perception des PAF pour évaluer leur potentiel d’adoption dans deux régions et secteurs d’activités agricoles. Nous cherchons à comprendre comment les acteurs de certains milieux en sont venus à adopter des PAF, en mobilisant quelles connaissances, en s’appuyant sur quels réseaux, pour quelles raisons, et surtout que pensent-ils de leur expérience ?

Plus précisément, les objectifs sont les suivants : 1) Identifier deux régions aux profils agroforestiers contrastés en fonction de critères uniformes pour y réaliser une analyse plus fine; 2) caractériser les acteurs du secteur agricole conseillers en agroenvironnement, agronomes, experts en environnement, etc.) et leurs interventions (en lien avec l’agroforesterie ; 3) analyser les expériences, les représentations et les perceptions des producteurs agricoles et des intervenants en lien avec l’agroforesterie.

Sur le plan méthodologique, dans un premier temps, un portrait descriptif de la situation des PAF au Québec à l’échelle de la région administrative sera effectué en fonction de la définition la plus large du phénomène. Deux régions administratives seront ciblées en raison de leur profil agroforestier contrasté. Au sein des ces deux régions choisies, dans la continuité du portrait réalisé, nous recenserons les réseaux d’acteurs, soit les organismes actifs dans la promotion et la diffusion des PAF, ainsi que leurs actions et initiatives. Finalement, le cœur de cette étude consiste en l’analyse des représentations et des perceptions des PAF par les producteurs agricoles. Pour ce faire, nous réaliserons des entretiens semi-dirigés avec des producteurs agricoles impliqués ou non dans les PAF à l’échelle de leur exploitation ou de leur communauté au sein des deux régions sélectionnées, et plus particulièrement dans un secteur de production (filière) pour chaque région.

En proposant une analyse systématiques des perceptions de l’agroforesterie dans deux régions ciblées, cette étude propose une lecture critique des potentiels et des limites de cette pratique.