Chercheuse : 
Lalande, Célyne

Établissement : 
Université du Québec en Outaouais (UQO)

Année de concours : 
2021-2022

Problématique : Malgré près de 40 ans depuis l’adoption des premières politiques étatiques visant à prévenir ou contrer la violence conjugale au Québec, la problématique demeure importante. Par exemple, des meurtres ou tentatives de meurtres de femmes et d’enfants suivis du suicide de l’agresseur ont tristement défrayé les manchettes au cours de la dernière année, comme d’ailleurs lors d’années précédentes, ce qui a mené le gouvernement Legault à mandater la ministre Charest, responsable de la condition féminine, à réévaluer les besoins dans le domaine. Considérant la nécessité de revoir les pratiques en place, il est pressant d’examiner rétrospectivement les mécanismes susceptibles d’influencer la production de ces pratiques développées pour prévenir et contrer le phénomène de la violence conjugale au Québec. Parmi ces mécanismes, les processus de résolution des controverses au sein des instances de concertation intersectorielle nous apparaissent particulièrement intéressants à investiguer. D’un côté, les controverses sont nombreuses en violence conjugale, pensons notamment au débat sur la définition de la problématique, aux controverses en matière de garde d’enfant dans les situations de violence conjugale, à la remise en question de l’efficacité des programmes pour conjoints violents, etc. De l’autre côté, ces processus de résolution sont réputés favoriser la réconciliation d’intérêts divergents et ainsi, participer au développement d’actions novatrices. S’appuyant sur la théorie de l’acteur-réseau, la proposition a pour objectif général d’analyser les processus de résolution des controverses au sein d’instances de concertation intersectorielle en violence conjugale afin de cerner les solutions innovantes développées par celles-ci.

Méthodologie : En vue d’atteindre cet objectif, une méthodologie qualitative de type étude de cas multiples est retenue. Spécifiquement, trois tables de concertation régionales, qui présentent un contexte différentié en termes de 1) fonctionnement global, tel qu’évalué par leurs membres, et 2) productions d’extrants (protocoles, activités, etc.), seront étudiées et comparées afin d’approfondir et de nuancer notre compréhension des relations entre ces deux variables et les processus de résolution des controverses mobilisés au sein de ces instances. D’abord, l’analyse approfondie des documents produits au cours des dix dernières années permettra de faire un portrait-synthèse des cas étudiés. Puis, huit entretiens individuels par cas nous permettront de comprendre en profondeur 1) les controverses présentes au sein de ces instances; 2) les processus de résolution de ces controverses; et 3) les liens entre ces processus et la production de pratiques innovantes en violence conjugale. Retombées attendues : La recherche contribuera à l’avancée des connaissances dans la discipline du travail social en mettant notamment en lumière pourquoi, dans certaines régions, la concertation intersectorielle en violence conjugale est mieux négociée et conduit à des innovations alors que ce n’est pas le cas dans d’autres régions. Elle aura par ailleurs des retombées pratiques et sociales par le biais du développement de stratégies pour contrer les défis se manifestant au sein de ce type d’instances, ce qui contribuera plus largement à une meilleure coordination des actions en matière de violence conjugale.