Responsable : 
Isabelle Bouchard

Établissement : 
Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Dans le dernier quart du XVIIe siècle, des Abénakis, venus de la Nouvelle-Angleterre, s’établissent dans la vallée du Saint-Laurent. La nouvelle communauté qui se forme près de la rivière Saint-François doit alors s’adapter à vivre sur un territoire restreint et défini, soit les portions des seigneuries de Saint-François et de Pierreville qui leur ont été concédées en 1700 et 1701. À partir de 1800, les « seigneurs » abénakis régissent leurs terres comme un véritable « fief », notamment en concédant des censives. Dans la foulée de l’adoption d’habitations unifamiliales, une forme d’appropriation individuelle de parcelles de terre se développe dans leur « domaine », soit la portion de terre que le seigneur se réserve l’usage exclusif, durant la première moitié du XIXe siècle. En 1805, dix-sept chefs de famille de cette communauté reçoivent également des lots dans le canton de Durham.

Ce projet de recherche entend mettre en lumière la manière dont les Abénakis d’Odanak ont développé un régime d’appropriation foncière, alliant propriété collective et individuelle, pour s’adapter à leurs nouvelles assises territoriales. L’accent sera mis sur l’émergence d’un marché foncier dans les terres des Abénakis ainsi que sur l’apparition de mécanismes propres aux héritages et au transfert de droits. Ce système de tenure des terres ne sera toutefois pas reconnu au moment de la création du système des réserves dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Cette étude se veut une contribution originale à plusieurs champs historiographiques : (1) les communautés autochtones de la vallée du Saint-Laurent ; (2) les modes de tenures des terres du Bas-Canada et (3) la transmission du patrimoine foncier et la reproduction familiale. Si les historiens évoquent l’existence d’appropriations individuelles dans les communautés autochtones sédentarisées du Haut et du Bas-Canada avant 1850, on a surtout insisté, jusqu’à maintenant, sur leur approche collective de la propriété foncière. Ces appropriations individuelles demeurent un pan à peu près inexploré des régimes d’appropriation foncière des communautés autochtones. En outre, les familles autochtones n’ont jusqu’à présent fait l’objet d’aucune étude quant à leurs objectifs et leurs stratégies en matière de transmission de leurs biens fonciers.

Notre projet de recherche vise à étudier les dimensions sociales et juridiques du rapport à la terre des Abénakis d’Odanak entre 1800 et 1860. Par le biais des sources de l’histoire sociale (archives notariales et des registres paroissiaux), cette étude vise à reconstituer les comportements fonciers des couples abénakis, plus spécifiquement les façons dont ils acquièrent, utilisent et transmettent leurs biens fonciers. Puisque la transmission du patrimoine foncier est un processus complexe qui s’échelonne sur plusieurs décennies, nous entendons reconstituer minutieusement l’évolution économique des cellules familiales, en tenant compte de l’ensemble des gestes posés par les couples durant  les différentes phases du cycle de la vie familiale. Notre corpus est constitué de 88 couples dénombrés dans le recensement nominatif produit en 1828 par les Affaires indiennes.