Chercheur : 
Laurent Girault

Établissement : 
Cégep des la Gaspésie et des Îles

Année de concours : 
2022-2023

Depuis quelques années sont apparus au Québec des producteurs d’algues, dont les produits séchés ou transformés sont destinés à l’alimentation. Les algues sont un «super-aliment», à la fois végétal, marin et riche en nutriments intéressants pour la santé. Pourtant, nos compagnies de cosmétiques et de produits de santé naturels se fournissent en algues cultivées en Europe ou en Asie, faute de connaissances sur nos producteurs et sur les caractéristiques des algues d’ici. Le projet porté par Merinov et le Cégep de la Gaspésie et des Îles (CGÎM) vise à combler ce manque, en réalisant une démonstration de bioraffinerie sur deux algues dont la culture est en évaluation au Québec, Alaria esculenta et Palmaria palmata. La bioraffinerie consiste à extraire des algues, par des étapes successives, toutes les molécules d’intérêt pour des applications à valeur ajoutée, soit principalement les polyphénols, les pigments (caroténoïdes) et les fibres solubles (polysaccharides). Ces différentes fractions seront séparées par des procédés membranaires et des enzymes seront utilisées pour hydrolyser les fibres en fragments plus petits, les oligosaccharides, recherchés en nutrition humaine et animale pour leurs propriétés prébiotiques. Les procédés utilisés n’incluront aucun solvant chimique, à l’exception de l’alcool (éthanol), afin de conserver toute la naturalité des algues. Lors de la première année, nous mettrons au point les techniques d’extraction, de séparation et de dosage des composés recherchés, en nous basant sur nos expériences antérieures réalisées principalement avec la laminaire sucrée (Saccharina longicruris).

Lors de la deuxième année, nous utiliserons les procédés optimisés pour générer des extraits de Alaria et de Palmaria. Plusieurs enzymes, dont certaines proviendront de notre collaborateur de la Station Biologique de Roscoff (CNRS, France), seront utilisées pour tenter d’hydrolyser la fraction des fibres et générer des oligosaccharides. La dernière année du projet, nous sélectionnerons le procédé et l’espèce d’algue ayant généré les extraits les plus riches en biomolécule d’intérêt et nous les transférerons sur notre plateforme pilote de fractionnement, à l’échelle 150-250 kg d’algues. Cette petite production permettra de repérer les obstacles à surmonter dans l’éventualité d’un transfert vers des partenaires industriels. Les extraits obtenus en 2e année seront aussi proposés à des centres de recherche collaborateurs qui voudraient évaluer leurs effets biologiques. Des étudiants du CGÎM seront impliqués directement dans les activités de recherche. De plus, nous réaliserons annuellement des activités pédagogiques avec les étudiants en sciences du centre collégial de Carleton, pour leur faire découvrir la richesse des algues. Des activités d’initiation aux sciences seront aussi proposées aux communautés Mig’maq de la région, via leur association de gestion des ressources marines, l’AGHAMM. Enfin, les résultats du projet seront présentés dans un colloque de portée internationale, afin de mettre de l’avant l’expertise développée ici et le potentiel des algues du Québec.