Chercheuse : 
Flynn, Catherine

Établissement : 
Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Année de concours : 
2021-2022

Cette étude innove par le développement de nouvelles collaborations entre l’UQAC et les organismes communautaires spécialisés en intervention féministe. Elle s’inscrit dans la foulée de mes travaux précédents, mobilisant une démarche de recherche-action participative féministe (RAPF), dans l’objectif de m’établir comme chercheure autonome au sein de ma nouvelle communauté. L’étude proposée est d’ailleurs pertinente puisqu’elle émerge des résultats de mes recherches menées précédemment dans d’autres contextes, et de besoins exprimés dans la dernière année, par des organismes féministes concernés par les violences faites aux femmes. Elle a pour but de documenter les défis auxquels les maisons d’hébergement, les centres de femmes et les Centre d’aide et de luttes contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) du Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ) et de la Côte-Nord font face, dans le déploiement de l’intervention féministe.

L’intervention féministe s’est imposée au Québec dans les années 1970 en tant que pratique non mixte, alternative à la psychiatrisation et à la médicalisation des violences subies par les femmes. Elle s’est largement transformée ces cinq dernières années, de manière à mieux répondre aux besoins des femmes issues de groupes marginalisés.  L’état des connaissances révèle que l’intervention féministe est à contre-courant des approches d’intervention sociale généralement enseignées en travail social et mises de l’avant dans les milieux de pratiques du Réseau de la santé et des services sociaux, qu’elle s’actualise au sein d’organismes communautaires autonomes fragilisés en contexte de Nouvelle gestion publique (NGP), et qu’elle n’a été que très peu étudiée sur le territoire de l’UQAC.

Cette RAPF sera menée, à chacune des étapes, par un comité de coordination que je dirigerai, réunissant deux chercheures-étudiantes et trois partenaires représentant chacun des milieux concernés (Maison d’hébergement, Centre de femme et CALACS). Dans un premier temps, une analyse du contenu des principaux outils d’intervention et activités de formations offertes sur le territoire à l’étude sera effectuée. Ensuite, 20 entretiens semi-dirigés avec des directrices, coordonnatrices, intervenantes ou travailleuses œuvrant au sein des CALACS, des centres de femmes et des maisons d’hébergement du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord seront réalisés. Les données feront l’objet d’une analyse de contenu thématique, réalisée à partir d’un cadre d’analyse féministe intersectionnel.

Cette dernière permettra de décrire avec justesse les défis rencontrés par les participantes dans le déploiement de l’intervention féministe et permettra l’identification de solutions ou de pratiques novatrices. Enfin, deux journées de groupe de travail (une à Alma et l’autre, à Baie-Comeau) favoriseront chaque fois l’appropriation des résultats de l’étude par un groupe d’une douzaine d’actrices issues des organismes féministes présents dans ces deux régions. Ces journées serviront surtout à identifier des recommandations et des pistes de solutions novatrices, concertées et cohérentes, afin d’améliorer et de faciliter l’intervention féministe auprès des femmes violentées. Ainsi,  les résultats de cette étude permettront de combler un vide au niveau des connaissances scientifiques, tout en outillant ces organismes face aux défis rencontrés avec les trop nombreuses femmes en situation précaire.