Responsable :
Andréanne Tremblay Simard
Établissement :
Université Laval
Année de concours :
2020-2021
Table des matières
1. Résumé du projet
En mars 2018, La Presse rapportait que les investisseurs québécois ont été exclus de plusieurs appels à l’épargne, car les compagnies émettrices d’actions ont choisi de ne pas divulguer leur information financière en français (Dufour, 2018). Cette anecdote illustre les difficultés d’offrir de l’information de qualité à plus d’une clientèle linguistique, et mène aussi à la question suivante : Quel est l’impact boursier de la divulgation d’information financière en plus d’une langue ?
Puisque l’accès à une information financière fiable, exacte et complète est la pierre angulaire des stratégies d’investissement, la question suivante se pose : Une clientèle linguistique (anglophone ou francophone) est-elle systématiquement désavantagée quant à l’accès à l’information financière de qualité ? En outre, en plus des faits économiques divulgués, la lisibilité et la tonalité (la proportion de mots à connotation négative ou positive) apportent de l’information bénéfique aux investisseurs, mais il n’est pas clair que la quantité, lisibilité et tonalité de l’information divulguée sont équivalentes dans les versions françaises et anglaises d’un même document financier. Quelles sont les conséquences boursières des écarts de qualité dans l’information financière ? Ces écarts de qualité affectent-ils le rendement des portefeuilles des investisseurs canadiens ?
La littérature académique est muette sur tous ces points. Ce projet de recherche répond à ces interrogations en poursuivant trois objectifs originaux:
Le premier objectif du projet consiste à établir une liste de mots ayant une connotation positive ou négative dans les textes financiers francophones. Cette étape est impérative pour calculer la tonalité d’un texte financier en français, car une telle liste est présentement inexistante en français.
Le deuxième objectif vise à comparer la disponibilité, lisibilité et tonalité des versions anglaises et françaises de mêmes documents financiers publiés par les entreprises canadiennes listées en bourse, ce qui permettra de vérifier l’existence d’une discrimination statistique envers une clientèle linguistique d’investisseurs.
Le troisième objectif du projet consiste à mesurer les conséquences boursières associées à la divulgation d’information en plusieurs langues, en particulier lorsque la qualité de l’information divulguée varie d’une langue à l’autre. Notamment, le marché pénalise-t-il les corporations unilingues ? Comment réagit le marché aux discordances entre les versions françaises et anglaises ?
Ces objectifs de recherche s’inscrivent dans la continuité des travaux de recherche de la candidate, qui, dans plusieurs articles présentement en révision, utilise l’analyse textuelle pour mesurer différents aspects de la culture corporative. L’expertise développée au long des études doctorales de la candidate et ses expériences de supervision d’étudiants faciliteront l’exécution du projet.
Les retombées anticipées sont multiples. Les chercheurs, traducteurs et gestionnaires auront accès à la liste de mots français à tonalité positive ou négative, publiée sur le site Internet de la candidate. La candidate et son assistant(e) de recherche présenteront dans des conférences académiques les deux articles scientifiques découlant du projet avant de les soumettre à des revues avec comité de lecture, sélectionnées pour leur impact élevé. Le résumé exécutif sera transmis au régulateur ainsi qu’aux médias grand public. Finalement, le projet contribuera au développement des habiletés en recherche, statistique, analyse textuelle, et communication de quatre étudiant(e)s.