Responsable : 
Jesse Arseneault

Établissement : 
Université Concordia

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Au cours des vingt dernières années, l’essor des études animales s’est accompagné d’un intérêt accru pour la vie non humaine dans de multiples domaines des sciences sociales et humaines. Pour les études postcoloniales et surtout africaines, cet intérêt demeure toutefois marginal, ces champs s’efforçant plutôt de contester le joug imposé à de nombreux peuples colonisés. La recherche postcoloniale s’oppose ainsi fréquemment à l’animalisation des humains sous la domination coloniale. Or, comme l’ont récemment avancé certains écrits autochtones et posthumanistes, ces efforts ne font parfois que repositionner l’humain au centre de la préoccupation éthique, malgré les liens étroits entre l’anthropocentrisme et la conquête coloniale. Les tentatives d’humaniser les déshumanisés ne parviennent donc pas toujours à remettre en cause le rôle considérable que joue l’humain dans le refus de se préoccuper de ceux qu’on juge sous-humains. De même, les études animales et l’attention accrue portée à la vie non humaine dans la culture populaire possèdent leur propre hiérarchie, où les charismatiques mammifères suscitent une préoccupation légitime et pourraient détenir des droits, tandis que nombre d’autres espèces et leurs écologies semblent insignifiantes, voire inutiles. Afin de renforcer les liens entre l’animalité et la recherche posthumaniste, d’une part, et le postcolonialisme, d’autre part, notre projet abordera les animaux sous-examinés dans la littérature postcoloniale. Un regard attentif sur le domaine révèle en effet une foule d’animaux « indésirés » – nuisibles, vermine et autres espèces invasives –, figures servant de métaphores pour la déshumanisation des colonisés, mais aussi êtres en soi subissant les conséquences des changements climatiques anthropogéniques avec les humains. Pour nous, les espèces jugées indésirables du point de vue anthropocentrique ne constituent pas simplement une autre frontière de la vie méritant qu’on s’en préoccupe sur notre pauvre planète. Nous avançons plutôt que ces êtres, qui menacent souvent le capitalisme colonial, offrent des modèles radicaux de collectivité, de résistance et de décolonisation. Notre projet, s’il porte principalement sur la littérature africaine, aborde le rôle de la vie nuisible dans la littérature et la culture postcoloniales, soulignant le potentiel transgressif d’êtres jusqu’ici jugés indésirables, éradicables, voire menaçant pour les humains. En examinant des êtres qui font rarement l’objet de la recherche anthropocénique, nous espérons repenser les cadres conceptuels dans lesquels les vies non humaines finissent par compter ou deviennent éradicables, même à notre époque accélérée d’extinction de masse.