Responsable : 
Guillaume Sirois

Établissement : 
Université de Montréal

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Cette recherche se penche sur le développement du discours sur la créativité par les autorités municipales à Montréal et ses conséquences sur l’aménagement urbain. Elle cherche à répondre à la question suivante : quels sont les effets de l’élaboration d’une vision de la créativité dans les politiques culturelles municipales sur le développement d’espaces publics qui cherchent à devenir le visage de l’identité créative de Montréal ? En effet, au cours des deux dernières décennies, les décideurs municipaux ont accueilli avec grand enthousiasme la perspective qui fait de la créativité l’un des instruments-clés du développement économique et urbain. Ainsi, le projet de transformer la ville en une « métropole culturelle du 21e siècle » est devenu un objectif fédérateur unifiant les trois paliers de gouvernement, la communauté d’affaires et les milieux culturels. Pour ses promoteurs, un tel projet devait nécessairement s’accompagner d’une transformation physique de la ville propre à rendre visible (par la reconfiguration des places publiques, l’architecture et l’art public) l’identité créative de la ville. La recherche s’appuie sur une perspective théorique et méthodologique jamais mobilisée jusqu’à maintenant pour étudier ces questions : la sociologie visuelle. D’un point de vue théorique, la recherche s’appuie sur la notion de visibilité, notion par laquelle on entend l’ensemble des pratiques sociales qui permettent de voir et d’être vu. Ainsi, le concept de visibilité constitue un outil théorique pour comprendre les processus d’inscription formels et symboliques par lesquels les acteurs rendent visible leur vision du monde. Dans le cadre de cette recherche, nous envisageons l’espace urbain comme le théâtre d’une lutte pour la visibilité, à la manière d’un espace médiatique dans lequel s’enchaînent les représentations successives. Nous serons particulièrement attentifs aux effets des choix esthétiques sur la production de l’espace alors que celui-ci se trouve aujourd’hui modulé par le design et l’architecture. La recherche propose de suivre le développement d’une vision de la créativité promue par les autorités municipales à travers trois étapes : 1) son élaboration dans les politiques publiques 2) sa matérialisation par l’intervention de designers urbains sur les places publiques dans trois arrondissements 3) l’appropriation des espaces reconfigurés par deux groupes de citoyens. Lors de la première étape, nous analyserons un corpus de documents de politiques publiques produits par la ville de Montréal entre 2002 et 2017. Dans la deuxième étape, nous conduirons une série d’entrevues (n = 30) avec des designers urbains qui ont déployé des stratégies de mise en visibilité de la créativité au cours de la période. Dans la troisième étape, nous chercherons à mieux comprendre la perception des citoyens de ces espaces reconfigurés. Notre méthodologie combine des méthodes classiques de la sociologie (analyse de documents à l’étape 1 et entrevues à l’étape 2) à  des méthodes innovantes de la sociologie visuelle, notamment la technique de la photo-élicitation (étape 2) et le procédé dit de la caméra indigène (étape 3). Ainsi, la recherche permettra de mieux comprendre les impacts visuels de cet engouement pour la créativité qui ne semble pas faiblir dans la métropole québécoise.