Chercheur : 
Pilon, Mathieu

Établissement : 
Université de Sherbrooke

Année de concours : 
2021-2022

Le haut potentiel intellectuel (HPI), ou douance, est caractérisé par un potentiel de rendement élevé sur le plan des aptitudes ou de la créativité dans un ou plusieurs domaines d’activités.  Selon les critères utilisés, le HPI représenterait généralement de 2,3% à 5% de la population.

Il a traditionnellement été considéré que les résultats aux tests de QI sont les meilleurs prédicteurs de la réussite scolaire et des prédicteurs significatifs de la réussite socioprofessionnelle. Or, bien que de nombreux individus avec un HPI présentent effectivement une plus grande réussite académique et professionnelle ainsi qu’une meilleure adaptation sociale et émotionnelle, il existe des résultats contradictoires quant au fonctionnement socioaffectif et à l’adaptation scolaire chez les enfants ou adolescents à HPI, et des résultats démontrent qu’un nombre significatif d’individus à HPI sont éventuellement référés dans des services de santé mentale car ils présentent des problèmes sur les plans psychologique, familial, social ou scolaire. En France par exemple, il est estimé que jusqu’à 1/3 des enfants à HPI présenteraient des difficultés psychologiques et/ou scolaires. Des études récentes qui se sont penchées sur cette problématique expliquent en partie ces chiffres par l’identification de profils cliniques d’enfants qui ont été décrits comme doublement exceptionnels (de l’anglais «twice exceptionnal») du fait que le HPI serait associé chez eux avec un trouble neurodéveloppemental (p. ex., trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH)) dont le plus fréquent est le TDAH. Il est estimé que 7 à 9% des enfants et des adolescents à HPI présenteraient aussi un TDAH. La littérature scientifique récente suggère que la présence d’un HPI avec un TDAH serait plutôt associée à des risques plus grands de difficultés d’adaptation, de sous-performance ou d’échecs ainsi qu’à différents problèmes psychologiques, comportementaux et sociaux.

Les travaux de recherche portant sur les enfants et les adolescents à HPI avec un TDAH  sont cependant encore récents et les caractéristiques de l’adaptation psychosociale et scolaire de ces jeunes sont encore mal connues et mal documentées auprès d’échantillons plus vastes ou avec des groupes contrôles. L’objectif principal de ce projet de recherche est donc d’étudier l’adaptation psychosociale et scolaire des enfants et des adolescents à HPI associé ou non à un TDAH et de la comparer avec celle de groupes contrôles de jeunes appariés pour l’âge et le sexe qui ne présentent pas un HPI ou qui présentent un TDAH sans HPI.

Les résultats de cette recherche permettront de mieux comprendre les caractéristiques du fonctionnement socioaffectif et scolaire des jeunes à HPI associé à un TDAH ou non, ce qui permettra par la suite de mieux cibler les interventions en fonction des besoins spécifiques des jeunes à HPI, de façon à diminuer les doubles répercussions actuellement associées aux parcours de ces individus : impacts directs et indirects associés aux difficultés d’adaptation psychosociale et scolaire qui augmentent le risque de développement de troubles de santé mentale de ces personnes, d’une part, et pertes sociales et économiques à plus long terme liées à leur potentiel non actualisé (ex. : perte d’expertise, sous-performance professionnelle, etc.), d’autre part.