Chercheuse : 
Desmeules, Marie-Hélène

Établissement : 
Université de Sherbrooke

Année de concours : 
2021-2022

Le consentement est un acte normatif qui transforme plusieurs de nos actions incorrectes en actions correctes. En matière médicale et de vie privée, notre consentement est nécessaire pour que nos interactions soient considérées comme légitimes. Mais c’est aussi le cas en matière sexuelle, comme certains mouvements actuels le soulignent avec insistance. C’est principalement grâce au consentement qu’un geste à caractère sexuel, qui autrement serait qualifié d’agression sexuelle, devient un acte correct.

On justifie généralement le primat normatif accordé au consentement par le fait qu’il protège l’autonomie de tous les partenaires d’une interaction sexuelle. De plus, il le fait en opposant un frein aux conceptions morales qui pourraient nous interdire de faire ce que nous voulons. Peu importe ce que les autres peuvent penser moralement de certaines pratiques comme l’adultère, l’homosexualité ou le sadomasochisme, ces pratiques devraient être permises du moment que tous ceux qui y prennent part y consentent.

Malheureusement, peu de recherches critiquent d’un point de vue éthique ce primat qui est aujourd’hui accordé au consentement. L’hypothèse de notre recherche est que la norme du consentement sexuel affecte négativement et de façon préjudiciable les expériences de la personne qui donne son consentement. Plus spécifiquement, le consentement sexuel semble ne pas favoriser ni protéger la participation cognitive et pratique de la personne qui consent ; motive des affects et des sentiments négatifs ; lui fait porter indument le fardeau de la responsabilité de l’action consentie. Autrement dit, nous aurions des raisons éthiques de remplacer la norme du consentement sexuel par de meilleures normes.

Nous conclurons notre recherche en proposant des solutions qui assurent une plus grande égalité entre les partenaires d’une relation sexuelle, comme la coparticipation ou la coopération. Nous prendrons cependant soin de vérifier que les nouvelles normes proposées pour résoudre les problèmes éthiques du consentement sexuel ne contreviennent pas à d’autres normes juridiques. Par exemple, nos redéfinitions de l’agression sexuelle pourraient criminaliser des comportements qui ne sont pas suffisamment graves, contrevenant ce faisant à la protection constitutionnelle contre les peines cruelles et inusitées.