Responsable : 
René Lemieux

Établissement : 
Université de Sherbrooke

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

À la suite des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (13e, 14e et 15e appels à l’action, 2012, p. 2-3), le gouvernement du Canada déposait le 5 février 2019 le projet de loi sur les langues autochtones (C-91), adopté en juin 2019. Cette loi faisait suite à une série de consultations avec plusieurs groupes autochtones. Le document gouvernemental intitulé « Séances de mobilisation précoce 2017-2018 : législation sur les langues autochtones. Résumé des constatations » indiquait la nécessité « d’accroître l’utilisation des langues autochtones dans la prestation des services gouvernementaux et d’autres services » (2018, p. 7). La loi dans sa forme actuelle répond à ce constat en statuant notamment, à l’article 11, que toute institution fédérale peut veiller à faire traduire ses documents dans une langue autochtone, sans toutefois la contraindre (Lemieux 2019). La traduction pragmatique en langues autochtones, c’est-à-dire la traduction dont la principale visée est le transfert d’information, était déjà présente dans l’administration gouvernementale, par exemple dans la traduction des instructions aux électeurs lors d’une élection fédérale. On peut tout de même envisager que la nouvelle loi fédérale aura un effet sur le statut socioprofessionnel des traducteurs et traductrices en traduction en langues autochtones, tout comme la Loi sur les langues officielles a eu un impact sur la professionnalisation de la traduction en anglais et en français. Quels impacts la nouvelle loi sur les langues autochtones aura-t-elle sur les pratiques en traduction dans les communautés autochtones? Le projet de recherche vise à documenter l’incidence de cette loi sur les pratiques relatives à la traduction des langues autochtones dans deux communautés à proximité de l’Université de Sherbrooke : Odanak (abénakise) et Kahnawà:ke (mohawk). Bien que ces deux communautés diffèrent quant à leurs langues et leurs cultures (algonquines pour la première, iroquoiennes pour la seconde), elles ont en commun d’accueillir sur leur territoire des établissements postsecondaires dédiés à la transmission des savoirs autochtones : le Collège Kiuna à Odanak et le Kanien’kehá:ka Onkwawén:na Raotitióhkwa Language and Cultural Center (KORLCC) à Kahnawà:ke. À partir d’entretiens auprès d’acteurs culturels de ces communautés (les traducteurs et traductrices, mais aussi les enseignants et enseignantes des langues autochtones, les responsables des programmes, les aînés et aînées, etc.), il sera possible d’analyser les changements qui auront lieu suite à l’adoption de la nouvelle loi fédérale ainsi que ses effets lors de sa mise en œuvre, tant sur le plan de la pratique de la traduction que de l’imaginaire social de langue autochtone. Cette recherche inductive permettra d’évaluer l’influence de la législation fédérale sur la professionnalisation de la traduction dans les communautés autochtones. Au terme de l’étude, il sera possible de proposer des pistes de réflexion  sur l’influence de la reconnaissance des langues autochtones sur la revitalisation des communautés linguistiques autochtones.