Responsable : 
Alice Jarry-Girard

Établissement : 
Université Concordia

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Les particules fines et les poussières générées par le transport, la construction ou le chauffage ont des impacts écosystémiques importants. Notamment, sur la santé pulmonaire et cardiaque, l’augmentation des températures et la croissance de la végétation. Par leur incidence, ces résidus opèrent selon des trajectoires irréductibles à un statut de matière inerte. En effet, des échanges métaboliques comme la respiration soulignent les frontières poreuses entre les modes de production industriels, le vivant et l’environnement : l’humain, les écosystèmes et les matières résiduelles coévoluent dans une relation indissociable.

Dans le contexte d’urgence écologique actuel, la toxicité de l’air, un milieu ressenti bien qu’invisible, est un enjeu croissant. Ce projet de recherche-création examine les aspects matériels, spatiotemporels et socio-environnementaux de la pollution atmosphérique, particulièrement l’impact sur le corps humain. Pour ce faire, la recherche explore le concept inédit de « filtration », compris comme une interface qui peut donner forme à l’invisibilité microscopique des particules atmosphériques et à la dimension macroscopique de leurs enjeux. Au-delà d’un procédé de purification de l’air, le projet expérimente la filtration comme une opération d’échange agissante entre matières, technologies, recherche en art et science et milieu citoyen et municipal.

Par la création de membranes souples et dynamiques qui réagissent avec l’humain et l’environnement pour filtrer l’air, ma pratique écologique technologique propose un engagement avec le devenir processuel de matières négligées et de procédés périphériques. L’expérimentation de prototypes textiles et biologiques filtrants qui s’intègrent en galerie et à l’extérieur cherche ainsi à induire de nouveaux rapports sensoriels, sensibles et critiques avec l’air. Et ce, afin de réorienter ce milieu invisible dans une écologie de technologies et de pratiques durables pour les communautés, la matière et l’environnement.

À cet effet, la filtration se déploie comme un échange interdisciplinaire transversal. Ce concept est examiné sur le terrain avec des scientifiques en ingénierie, en recherche médicale et en environnement; expérimenté dans la pratique artistique qui s’ouvre au champ émergent de la « responsive architecture » et de la robotique molle; et mobilisé par des ateliers publics, de concert avec les milieux scientifiques et les communautés citoyennes locales et internationales. Le concept, l’expérimentation et la méthode de la filtration se posent ainsi comme un mode de réflexion en action catalyseur de réalités sociales, culturelles et intellectuelles plurielles qui permet de réfléchir aux alliances et distinctions productives qui émergent de ces rencontres.

Activant de nouvelles modalités pratiques, réflexives et discursives de la filtration, l’objet de cette recherche écologique technologique propose une conception processuelle, matérielle et méthodologique de l’engagement avec  la matérialité et l’environnement. Favorisant un dialogue entre pratiques artistiques et milieux écologiques, la recherche-création qui s’ouvre à de nouveaux champs d’intervention développe des usages sociaux de la pratique artistique et scientifique. Elle valorise ainsi de nouvelles avenues d’expérimentation et de théorisation qui contribuent au discours sur la production matérielle et culturelle en art en design afin d’enrichir la réflexion sur l’impact social et écologique de l’activité humaine.