Responsable : 
Mélinda Caron

Établissement : 
TÉLUQ

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

L’histoire de la littérature n’a plus le même visage depuis qu’a été révisée la notion de canon et que se sont développées les études sur les femmes et le genre. La question de la présence des femmes dans l’histoire fut l’une des premières soulevées par les chercheuses féministes qui, au cours des années 1960-1970, interrogèrent le passé afin de retracer quantité d’œuvres et d’auteures oubliées. Si ce fut là le premier mouvement des études universitaires, et si nombreux furent les résultats des enquêtes ayant pris forme depuis, force est de constater que le processus d’occultation de ces œuvres et de ces auteures n’a toujours pas été expliqué en profondeur.

Ce projet a pour ambition d’analyser les modalités d’écriture de l’histoire de la littérature afin de comprendre l’évolution du discours sur les œuvres des femmes, ainsi que l’imaginaire qui le sous-tend, depuis l’institutionnalisation de la littérature française, au 17e siècle, jusqu’à celle des recherches sur les femmes, dans la deuxième moitié du 20e siècle. Comment la mémoire collective sur ces écrits s’est-elle construite et transmise au fil des siècles ? Quels discours et imaginaires ont servi de socle à l’écriture de cette histoire ? Quels critères ont présidé au traitement des œuvres jugées dignes de mémoire ? Mon hypothèse repose sur l’idée que le processus historiographique (et, partant, celui de la mémoire collective) s’explique non seulement par des configurations institutionnelles et sociales, mais aussi par des images et des récits plongeant leurs racines dans l’histoire de l’imaginaire occidental.

L’adoption d’une clé d’entrée précise – l’écriture de l’histoire de la littérature des femmes – me permettra d’aborder ces enjeux de façon réaliste, aussi bien en regard de la dimension du corpus à l’étude que des trois années allouées à la réalisation du projet. Ces recherches seront regroupées en deux grandes étapes, la première consistant en une enquête historique et la seconde, en une analyse du processus mémoriel collectif réalisée à la lumière de cette enquête et de travaux issus de diverses disciplines. Les objectifs du projet sont les suivants : 1) analyser le discours de l’institution littéraire ; 2) observer les décalages entre les discours historiographiques et le traitement critique d’œuvres faisant l’objet d’études de cas ; 3) dégager les particularités des imaginaires sociaux des différentes époques à l’étude ; 4) articuler l’analyse de ces discours et imaginaires dans la longue durée ; 5) comprendre la constitution d’une mémoire collective et, en retour, les effets de cette mémoire sur l’institution littéraire et sur son histoire.

L’originalité théorique de ces recherches repose sur l’articulation transversale des discours de l’Ancien Régime et de l’époque moderne, de même que sur un dialogue interdisciplinaire grâce auquel pourra être analysée la part d’imaginaire sur laquelle ils reposent. En interrogeant la relation qu’entretiennent des pratiques discursives, ins titutionnelles et imaginaires dans la longue durée, j’ai pour ambition d’éclairer notre héritage mémoriel sur les œuvres des femmes et, ce faisant, de contribuer à la mise au jour de certaines logiques ayant présidé à l’écriture de l’histoire littéraire.