Chercheur : 
Furukawa Marques, Dan

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

Depuis une vingtaine d’années, à l’ère de la crise socio-écologique, des mouvements très différents mobilisent le terme « commun » comme revendication centrale (St. Martin, 2009 ; Hardt et Negri, 2009 ; Hess, 2008 ; Dardot et Laval, 2014 ; Bollier et Helfrich, 2012 ; Coriat 2015 ; De Angelis, 2017 ; Federici, 2017, 2019). Pensons notamment aux mouvements contre la privatisation du vivant, de la nature et des territoires : mouvements altermondialiste et écologiste, les « guerres de l’eau » à Cochabamba (2001) et à Naples (2011), les mobilisations paysannes contre l’accaparement de terre et la privatisation des semences, mais aussi les mouvements d’occupation de places comme celui du Parc Gezi à Istanbul (qui se disait être une « commune »), le mouvement Occupy Wall Street, les Indignados en Espagne, ou encore Nuit Debout à Paris. En environnement et urbanisation, des projets dits de transition écologique et sociale comme la gestion commune de ressources, la réappropriation collective d’espaces urbains, les tiers-lieux, l’urbanisme tactique, les monnaies alternatives, les Fab Lab, les éco-changes ou les projets de jardins communautaires augmentent, gagnent en visibilité et deviennent de plus en plus efficaces (Carlson, 2008 ; Saunders, 2014 ; St. Martin, 2009).
Malgré la relative nouveauté de ces types d’initiatives, on remarque qu’elles empruntent la plupart du temps des modes d’organisations traditionnels issus de l’économie sociale, soit les coopératives, les associations et les OBNL.

S’il est vrai que le mouvement de l’économie sociale en général et le mouvement coopératif en particulier connaissent un essor au 21e siècle (Favreau et Hébert, 2012 ; Draperi, 2012), plusieurs considèrent qu’il lui manque un projet et un leadership politique afin de pouvoir se positionner comme une vraie alternative aux failles du système économique dominant (Favreau, 2010 ; Draperi, 2012 ; Wright, 2014 ; Borrits, 2015). Ainsi, je pose l’hypothèse que la revendication des communs peut être le signe d’un changement de paradigme par l’émergence d’une vision plus politisée et transformatrice de l’économie sociale. L’originalité de mon projet consiste donc à analyser la manière dont s’arriment ces nouvelles formes de coopération socio-économique au Québec, qui se revendiquent et appliquent les pratiques des communs, aux modes traditionnels de gouvernance de l’économie sociale. J’étudierai trois cas concrets, choisis en fonction du fait qu’ils se revendiquent des communs tout en mobilisant l’économie sociale, soit Bâtiment 7 et Solon à Montréal et Espaces d’initiatives à Québec.

Ainsi, les objectifs scientifiques spécifiques de cette recherche consistent à 1) mobiliser des connaissances empiriques afin d’établir une conceptualisation politique des communs en général et des communs de travail en particulier ; 2) développer une compréhension politique des formes de relations sociales et de pratiques quotidiennes retrouvées au sein d’initiatives concrètes qui arriment l’économie sociale et solidaire et les communs ; et 3) développer une analyse globale permettant de vérifier si les pratiques de mise en commun réalisées dans mes cas d’étude présentent une orientation normative suffisamment forte et donc capable de redonner une orientation et un projet politique à l’économie sociale et solidaire.