Chercheuse : 
Sirois, Caroline

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

L’usage des médicaments chez les aînés est souvent un sujet d’inquiétude : donne-t-on trop de médicaments ? Donne-t-on les bons médicaments ? Si les médicaments sont souvent nécessaires pour traiter les nombreuses maladies qui peuvent affecter les aînés, peu de données nous permettent encore de répondre à ces questions. On ne peut malheureusement pas dire quelles sont les combinaisons de médicaments qui apportent le plus de bénéfices, et dans quelles circonstances.

Le but du programme de recherche est de mieux définir quelles sont les combinaisons de médicaments, ou polypharmacies, les plus appropriées, en utilisant une perspective de santé publique. Pour ce faire, j’utiliserai les données de la Régie de l’assurance-maladie du Québec, qui contiennent notamment les informations sur les médicaments réclamés, les soins médicaux obtenus, les hospitalisations et les décès. L’intelligence artificielle permettra de déterminer quelles sont les combinaisons de médicaments associées à des risques, comme les hospitalisations et les décès, en fonction des circonstances d’utilisation des médicaments, des caractéristiques des personnes et de celles du système de santé. Un volet éthique assurera une utilisation juste, équitable et éthique des données et de leur interprétation. J’utiliserai également des techniques statistiques avancées pour déterminer quel est l’effet intrinsèque des médicaments sur les événements de santé, au-delà du risque de base conféré par les maladies de la personne. J’évaluerai aussi une autre méthode pour départager la qualité des polypharmacies, c’est-à-dire, départager les polypharmacies appropriées, qui traitent bien les maladies, et les polypharmacies inappropriées, qui augmentent les risques d’effets indésirables, d’hospitalisations et de décès. Pour ce faire, j’utiliserai des critères incorporant non seulement les risques et les bénéfices des traitements, mais également leur impact sur la qualité de vie. Enfin, une classe spécifique de médicaments souvent utilisés chez les aînés sera étudiée : les statines pour le cholestérol. Il s’agira de déterminer si le fait d’utiliser ces médicaments chez les personnes de plus de 65 ans peut réduire le risque d’avoir un premier événement cardiovasculaire, et s’il est avantageux d’un point de vue économique d’utiliser ces traitements à large échelle.

Le programme de recherche permettra ainsi de mieux comprendre la polypharmacie et l’usage approprié de médicaments chez les aînés. Ultimement, les résultats des projets pourraient changer la perspective courante selon laquelle la prise de beaucoup de médicaments est une fatalité du vieillissement. Les projets serviront notamment à créer des indicateurs de polypharmacie, qui seront intégrés au programme de surveillance des maladies chroniques de l’Institut national de santé publique du Québec. Ces indicateurs aideront les cliniciens et la santé publique à favoriser un usage optimal des médicaments. Ainsi, les recherches permettront d’améliorer l’usage des médicaments afin d’assurer une meilleure santé des aînés et une planification des ressources appropriée. Les travaux auront ainsi une portée sociétale indéniable.