Chercheuse : 
Ferraro, Angela

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
En tout temps

Dans ce projet, je me propose de montrer que l’identité philosophique des Lumières s’est structurée autour d’un travail de fond sur l’erreur ; travail que la prétendue opposition entre, d’une part, le discours sur l’erreur développé au XVIIe siècle et, d’autre part, la lutte contre les préjugés et l’illusion menée au XVIIIe a jusqu’à présent empêché de reconnaître à sa juste valeur.
En considérant un corpus d’écrits qui demeurent peu étudiés (par exemple, des traités de logique et des mémoires académiques) ou qui n’ont pas encore été suffisamment interrogés dans un tel sens (entre autres, des ouvrages de Condillac et Diderot), je prouverai que la thérapie de l’erreur occupe une place aussi centrale que décisive chez les philosophes et les savants des Lumières (en France ainsi qu’à la cour de Berlin).

Le cœur de mon enquête consistera à détecter la présence du discours sur l’erreur et en décrire les modalités dans des textes des années 1730-1780. Pour atteindre ce but, je m’attacherai notamment à prouver l’importance que l’erreur revêt en théorie de la connaissance et à montrer le rôle qui lui est attribué dans la réflexion sur l’histoire. Le combat contre les préjugés et l’illusion s’avèrera inscrit dans un riche réseau conceptuel et issu d’un cheminement complexe, incluant l’analyse des mécanismes de la perception et de la pensée, la critique de l’abus de langage, le développement du savoir historique sur l’humanité et l’osmose de celui-ci avec la compréhension des phénomènes vitaux. Une véritable histoire naturelle de l’erreur sera ainsi dessinée.

Au moyen de cette nouvelle narration, je cherche à répondre non seulement à la nécessité de mieux comprendre le rapport entre le XVIIe et le XVIIIe siècles mais aussi à l’exigence, toujours actuelle, de penser à nouveaux frais le rationalisme des Lumières. Étant donné que le problème de l’erreur suscite un intérêt croissant dans plusieurs domaines du savoir, je m’attacherai également à faire ressortir le fait que la période étudiée constitue un tournant en vertu de la méthodologie qui la caractérise.

S’inscrivant dans la continuité de mes travaux précédents consacrés à la réception de Malebranche en France au XVIIIe siècle et aux Lumières franco-allemandes, la mise en œuvre de ce projet contribuera à m’établir en tant que professeure au sein de la Faculté de Philosophie de l’Université Laval ainsi que de regroupements stratégiques tels le Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité (CIREM 16-18) et le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST).

Les activités se dérouleront en collaboration étroite avec les étudiants, qui pourront s’approprier les outils de la recherche et s’intégrer davantage dans la communauté scientifique.
Ce projet mènera à la présentation de communications dans des congrès au Canada et à l’international, à l’organisation d’une journée d’étude à l’Université Laval et à la publication d’articles scientifiques dans des revues à comité de lecture, telles Philosophiques, Centaurus et Dix-huitième siècle. Ses résultats seront en outre diffusés auprès du public non spécialisé dans des magazines internationaux en ligne comme La vie des idées et Aeon.