Responsable : 
Mickael Deroche

Établissement : 
Université Concordia

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Même avec une audition parfaite et des ressources cognitives saines, la capacité du cerveau humain à extraire une voix cible parmi d’autres locuteurs est un processus complexe et fragile, que les chercheurs comprennent mal. Il est certain que les auditeurs utilisent les caractéristiques vocales des différents locuteurs pour les séparer mentalement. Une de ces caractéristiques est le ton de la voix, qui est régi par la structure harmonique de l’excitation produite par les cordes vocales. Mais que faisons-nous exactement de cette harmonicité ? Une théorie propose que, lorsque l’on « tend l’oreille » sur une voix cible, on engage une commande des centres cognitifs vers la périphérie auditive pour sélectionner l’harmonicité de la voix cible et ensuite l’amplifier. Mes recherches des dix dernières années suggèrent que cette vision est erronée. Au contraire, notre système auditif se préoccupe bien plus de l’harmonicité des voix interférentes, dans le but de les supprimer. Cette hypothétique « annulation harmonique » ouvre la voie à un changement de paradigme où l’attention sélective n’est plus un projecteur qui met en valeur une voix désirée, mais simplement un constat qu’à un niveau conscient du traitement auditif, il ne reste rien d’autre que la voix cible dans la représentation mentale de la scène auditive. Ce projet vise à fournir des preuves additionnelles de cette alternative théorie (puisqu’elle soulève une controverse et est contraire à notre intuition subjective), à explorer comment fonctionne l’annulation harmonique et en quoi elle dépend de la connaissance ou conscience de l’auditeur. Le projet comporte un volet de formation de personnel qualifié en psycho-acoustique de la parole, un domaine dans lequel j’ai acquis une expertise solide. Par ailleurs, je mets à profit cette connaissance académique sur le plan industriel en collaborant avec plusieurs manufactures. Elles ont de toute évidence un intérêt pour les applications de ce projet, que ce soit pour développer des casques anti-bruit, des systèmes de reconnaissance de la parole et d’identification de voix, ou améliorer les processeurs internes aux prothèses auditives et implants cochléaires. Je compte bien continuer en parallèle dans cette voie parce que c’est une des façons les plus efficaces d’avoir un réel impact sur les technologies audio des prochaines décennies.