Responsable : 
Simon Harel

Établissement : 
Université de Montréal

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Notre projet de recherche se donne pour ambition d’explorer les récits  du rêve chez des femmes qui vivent en milieu carcéral. Notre projet privilégiera une approche inédite, un dispositif d’enregistrement audio afin de créer un véritable théâtre de la voix qui permettra de :

  1. Penser la voix en tant qu’espace à investir historiquement et littéralement par les femmes dans la structure sociale d’un genre qui les tient au silence ou à l’extérieur d’une écoute attentive ;
  2. Construire un lieu de création minimisant les modifications entre nos enregistrements et les possibilités d’expression des femmes dans le milieu carcéral ;
  3. Interroger la voix comme possibilité de passe-muraille, en ce sens qu’elle permet une exploration artistique et identitaire différente de celle de l’écriture ;
  4. Penser la voix en tant que communauté sonore effective.

Cette fonction de la voix des femmes, en tant qu’elle permet la communauté, se voudra une brèche par rapport à l’imaginaire des femmes sérielles (Delvaux, 2013), d’autant plus fort lorsque ces dernières parlent à partir du milieu carcéral où le singulier se fond dans l’apparent identique. Plus précisément, le théâtre sonore que nous initierons avec et pour les femmes en milieu carcéral s’appuiera sur l’interaction de trois éléments : 1) la posture – c’est-à-dire une décentralisation du rapport de pouvoir en travaillant à partir d’un « entre-deux » relationnel ; 2) l’outil – une (re)définition, une (re)configuration et une (ré)évaluation de l’utilisation du « storytelling » de la voix et par celle-ci ; et 3) le dispositif – un appareillage méthodologique qui écoute et réverbère les voix des femmes incarcérées à toutes les étapes de la production de ce théâtre sonore pour ainsi aspirer à développer une « méthodologie vivante » au sein de laquelle épistémologies, méthodologies et éthiques sont des entités en mouvement qui, selon les circonstances, sont en (re)construction constante de sens par les sens en interaction entre eux et avec les sens des personnes en présence. Enfin, nous réaliserons une émission de radio nocturne. Il s’agira, dans cette étape du projet, de procéder à la création d’œuvres autonomes à partir d’extraits sélectionnés, qui seront soumis à un travail d’édition et de montage au cours duquel seront incorporés des extraits musicaux et autres éléments sonores. Nous nous affairerons  à intégrer les séquences retenues dans un tout bipartite qui comprendra : 1) un théâtre sonore destiné à la diffusion publique dans un lieu à déterminer, et 2) une émission de radio nocturne de cinq épisodes de 60 minutes. Cette étape inclut ainsi la sélection de lieux propices à ladite diffusion, la logique étant de respecter le caractère « passe-muraille » de l’entreprise. Car le but de notre projet est non seulement de permettre à la voix des prisonnières de quitter l’enceinte où elle est maintenue, mais aussi de stimuler les réflexions populaires à propos du fait carcéral dans le grand public.