Une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Parmi elles, 15 à 20 % devront lutter contre le cancer HER2, une forme agressive liée à un dysfonctionnement d’un gène et d’une protéine du même nom.

Il existe bien un traitement, le Herceptin, qui vise précisément à contrôler l’action du gène en cause. Les femmes y répondent bien, mais 50 % d’entre elles subissent des rechutes et présentent des tumeurs secondaires.

Jean-François Côté, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal et professeur au Département de médecine de l’Université de Montréal, et son étudiante au doctorat Marie-Anne Goyette ont toutefois trouvé une cible thérapeutique prometteuse qui pourrait améliorer la lutte contre cette maladie et même d’autres sortes de cancer.

Ils se sont penchés sur le phénomène connu d’hypoxie, présent dans plusieurs cancers agressifs. L’hypoxie est un manque d’oxygène causé par une croissance rapide de la tumeur, qui réduit les capacités du système immunitaire à se défendre contre le cancer, favorise la production de métastases et augmente la résistance aux traitements. Les scientifiques avaient déjà noté que dans les cancers du sein triple négatif, qui comptent pour 10 à 15 % des cas, la protéine AXL était fortement exprimée. Ce fut une surprise pour eux d’observer la même chose dans le cancer HER2.

Par des essais en laboratoire, ils ont réussi ensuite à bloquer génétiquement l’action de cette protéine dans la tumeur, ce qui prévient la formation de métastases de cancers HER2. Il s’agit d’une piste de traitement, puisque cette stratégie détruit en quelque sorte les remparts autour de la tumeur. Le système immunitaire peut alors effectuer son travail et les traitements sont en mesure d’atteindre leur cible. Plus encore, en bloquant cette protéine et conséquemment l’hypoxie, il serait possible d’utiliser l’immunothérapie – qui consiste à stimuler les défenses immunitaires du patient pour éliminer les cellules cancéreuses –, une approche qui fonctionne pour plusieurs types de cancer, mais pas efficacement pour le cancer du sein HER2.

Des compagnies pharmaceutiques testent actuellement des médicaments contre la protéine AXL. Il reste toutefois à procéder à des essais cliniques sur des patients avant de voir un tel traitement offert sur le marché.