Contrairement aux animaux, les humains naissent avec un cerveau très immature, mais c’est cette immaturité qui leur permet d’apprendre tout au long de la vie.

Xiaoqian Chai, professeure au Département de neurologie et de neurochirurgie à l’Université McGill, est depuis longtemps fascinée par le cerveau humain, et surtout, par la façon dont la mémoire se façonne. Dans le cadre de ses travaux de recherche, celle-ci s’est penchée sur le réseau du mode « par défaut » (RMD), le réseau cérébral qui s’active lorsque l’esprit vagabonde, lorsqu’on évoque des souvenirs ou qu’on a des pensées intérieures. Le but ultime de la chercheuse? Comprendre le processus de développement de ce réseau neuronal et son rôle dans l’apprentissage et la mémoire durant le développement de l’enfant.

Pour étudier le fonctionnement du RMD, la chercheuse et son équipe ont observé par imagerie par résonance magnétique (IRMf) des cerveaux d’adultes et d’enfants alors qu’ils effectuaient une tâche de mémorisation. Dans une autre expérience, ils ont voulu vérifier si le fait d’associer un objet à soi-même aiderait à s’en souvenir. Pour la moitié des objets, on demandait aux participants et participantes s’ils aimaient l’objet ou voudraient le posséder, et pour l’autre moitié, si l’objet illustré était une chose vivante ou inanimée. Les chercheurs ont constaté que les participants avaient plus de chance de se souvenir d’un objet lorsqu’ils l’avaient relié à eux-mêmes. Si les adultes réussissaient encore mieux, les enfants dès l’âge scolaire avaient aussi plus facilement en mémoire les objets aimés et désirés (ou non), même si les régions activées variaient légèrement chez ces derniers. Certaines régions du RMD – associées à la mémoire liée à soi-même – s’activaient ainsi davantage à l’âge adulte que chez les enfants.

Dans une autre expérimentation, l’équipe de scientifiques a voulu savoir si penser à une autre personne était tout autant utile pour la mémoire. Ce projet incluait également une vingtaine d’enfants autistes pour comprendre la façon dont leur cerveau fonctionne durant ces tâches par rapport aux personnes neurotypiques. La chercheuse continue ainsi à démystifier le fonctionnement de ce réseau neuronal, découvert il y a à peine une décennie.

Références :

Hilary Sweatman, C Paula Lewis-de los Angeles, Jiahe Zhang, Carlo de los Angeles, Noa Ofen, John D E Gabrieli, Xiaoqian J Chai, Development of the neural correlates of recollection, Cerebral Cortex, Volume 33, Issue 10, 15 May 2023, Pages 6028–6037, https://doi.org/10.1093/cercor/bhac481

Sweatman H, Lawrence R, Chai X. Development of self-referential effect on memory recollection. Child Development :93 (6), 1848-1859 (2022). https://doi.org/10.1111/cdev.13826