Dans les deux dernières décennies, l’incidence de la maladie de Crohn a augmenté chez les adultes, mais aussi chez les enfants et les adolescents. On répertorie même des cas de cette affection inflammatoire chronique de l’intestin parmi des sujets âgés de moins de six ans, ce qui était plus rare auparavant. À quoi sont dues ces formes précoces? Y a-t-il moyen d’atténuer les symptômes de cette condition incurable pouvant freiner la croissance? Ce sont les deux questions auxquelles Prévost Jantchou, chercheur clinicien en gastroentérologie pédiatrique au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine affilié à l’Université de Montréal, désire répondre.
Dans un premier temps, le scientifique s’intéresse à l’histoire de vie de dizaines de milliers de patients du Québec nés dans les années 1970 et dont plusieurs sont atteints de la maladie de Crohn. Son hypothèse est que l’exposition à certains facteurs de risque périnataux, comme la prématurité ou une infection du nouveau-né, soit associée à un plus haut taux de survenue. La prise d’antibiotiques et le contact avec des animaux de compagnie sont aussi susceptibles de peser dans la balance, tandis que l’allaitement maternel pourrait constituer un facteur de protection. Ce coup d’œil rétrospectif pourrait permettre de déterminer les moments critiques où la maladie de Crohn est le plus à même de se déclarer.
Comme l’incidence de la maladie de Crohn est plus fréquente aux hémisphères qu’à l’équateur, on soupçonne qu’une carence en vitamine D – synthétisée naturellement sous l’action des rayons du soleil – est en cause. Dans un second volet de l’étude, Prévost Jantchou suivra donc une cohorte de plus de 316 enfants canadiens à qui on administrera de très fortes doses de vitamine D pendant une année. À terme, cette intervention peu coûteuse et peu invasive a le potentiel d’abaisser les récidives chez ces patients, améliorant dans la foulée leur qualité de vie. Le recrutement des participants ayant été ralenti par la pandémie de COVID-19, les résultats ne sont pas attendus avant l’horizon 2025.