Un jeu vidéo et des lunettes 3D donnent de l’espoir à plus d’un million de Canadiens et Canadiennes qui souffrent d’amblyopie, une maladie aussi appelée « syndrome de l’œil paresseux ». Ce traitement original, qui a vu le jour à l’Université McGill, permettrait de rétablir les connexions fonctionnelles entre un œil faible et le cerveau, et d’éviter ainsi la cécité dans un œil, mais aussi la perte de la vision 3D.

Actuellement, les personnes atteintes d’amblyopie doivent couvrir leur bon œil pour forcer leur cerveau à utiliser l’œil paresseux. Ce traitement très peu populaire, qui peut durer des mois, voire des années, fonctionne à 60 % chez l’enfant, mais pas vraiment chez l’adulte.

Le chercheur Robert Hess, directeur de l’Unité de recherche sur la vision de l’Université McGill et chercheur au sein du Programme en réparation du cerveau et en neurosciences intégratives à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), et son équipe ont misé sur l’entraînement des deux yeux à percevoir simultanément différents stimuli, à l’aide d’un jeu vidéo et de lunettes 3D.

Ce traitement novateur consiste à montrer à chaque œil une partie d’une image. Afin d’interpréter ce qu’il voit et de réussir le jeu, le cerveau doit absolument intégrer le signal des deux yeux. En s’entraînant régulièrement, le joueur rééduque son cerveau à se servir de l’œil faible en parallèle de l’œil sain.

Plusieurs études de laboratoire réalisées par l’équipe de Robert Hess depuis 2000, ainsi que les essais cliniques qui ont débuté en 2013 avec un prototype basé sur le jeu Tetris, ont prouvé que l’approche binoculaire donnait d’excellents résultats pour traiter l’amblyopie. L’innovation a été brevetée à l’Université McGill. Puis, l’entreprise Amblyotech  a été créée pour concevoir avec Ubisoft Montréal un premier jeu thérapeutique amusant :  le jeu Dig Rush pour tablette électronique. Le médecin utilise l’interface du jeu pour suivre les progès des patients et ajuster les paramètres selon les besoins. Les résultats sont significatifs : sur 200 joueurs et joueuses, 90 % ont retrouvé une vision binoculaire, et deux tiers ont amélioré leur vision 3D.

En 2020, la société Novartis a acquis Amblyotech. Elle collabore avec Ubisoft et l’Institut de recherche du CUSM pour faire approuver et commercialiser, d’ici 2023, le traitement.