Au Québec, les inondations sont la principale manifestation du dérèglement climatique. Les pluies diluviennes et les crues printanières ont touché plus de 300 municipalités en 2017 et 2019, ce qui a causé des dommages évalués à près de 600 millions de dollars. On estime que le tiers de l’apport soudain en eau au printemps est dû à la fonte de la neige au sol. Or, les autorités chargées de la gestion du régime hydrique de la province peinent à tenir compte de cette variable dans leurs prévisions. Alain Royer, professeur au Département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke, a entrepris de les raffiner grâce à une approche novatrice de télédétection qui repose sur des observations spatiales micro-ondes.
Les pluies diluviennes et les crues printanières ont touché plus de 300 municipalités en 2017 et 2019.
Les satellites assurent une couverture quasi quotidienne et globale de la surface de la Terre, ce qui en fait des outils de choix pour mesurer l’équivalent en eau de la neige. En effet, le sol et la neige émettent des micro-ondes qui varient selon différentes caractéristiques, telles que la hauteur et les propriétés physiques du couvert nival. Cependant, la mesure de la quantité de neige n’est pas directe. Alain Royer et ses collaborateurs ont donc couplé des modèles de neige utilisés en météorologie à un modèle qui permet de simuler numériquement le signal satellite et de le comparer aux mesures. L’ajustement de la quantité de neige corrigée grâce aux mesures satellites permet d’abaisser la prévision sous la barre des 15 %, qui représente précisément la mesure d’équivalent en eau de la neige requise par les hydrologues.
La technologie mise au point dans le cadre de ce projet est désormais utilisée par les différents acteurs en prévisions météorologiques et hydrologiques, comme le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et le Centre météorologique canadien. Cela permettra de mieux prévoir les débits des eaux printanières dans les zones inondables, améliorant du même coup la lutte contre les inondations. Qui plus est, Hydro-Québec recourra à cette technologie pour mieux gérer les niveaux de ses barrages-réservoirs, en emmagasinant par exemple de l’eau au printemps afin de répondre à la future demande d’électricité des Québécois.