Le réchauffement climatique modifiera inévitablement les forêts méridionales du sud-est du Québec. Ces changements environnementaux régionaux doivent cependant être comparés à une base de référence fiable pour être observés correctement, par exemple, pour déterminer si leur variabilité s’écarte de la normale. Malheureusement, dans cette partie de la province, il reste très peu de forêts anciennes, c’est-à-dire qui n’ont pas été perturbées par l’humain.
Une manière de contourner cet écueil consiste à étudier le pollen produit par les arbres et les végétaux qui a été piégé au fil des siècles, voire des millénaires, dans la boue d’un lac. Ainsi, grâce à une carotte sédimentaire extirpée de l’étang Fer-de-Lance, Jeannine-Marie St-Jacques, professeure au Département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia, a pu retracer l’historique forestier des environs du mont Orford.
Ce faisant, elle et ses collaborateurs ont découvert, à leur grande surprise, que les premiers dérangements d’origine anthropique remontent à bien avant la Conquête britannique de 1760, qui a sonné le début de la colonisation de ce territoire. De fait, selon les chercheurs, les traces remontent à aussi loin que 1550 et résulteraient d’une pratique d’agriculture autochtone probablement attribuable aux Iroquoiens du Saint-Laurent.
Pour être confirmés, ces résultats devront néanmoins être répliqués sur des sites aussi sensibles que le mont Orford. Ce dernier étant situé à la frontière entre le domaine de l’érablière à tilleul et le domaine de l’érablière à bouleau jaune, les environs du mont Sutton figurent sur le radar de l’équipe. Par ailleurs, ces travaux seront aussi utiles pour guider les futurs aménagements écosystémiques des forêts méridionales du sud-est du Québec. Ils pourraient, par exemple, servir de points de comparaison, afin de guider les travaux de reconstruction climatique indépendante menés par d’autres chercheurs.