Chez environ un patient sur trois atteint d’épilepsie, la prise de médicaments anticonvulsifs est vaine. Seule la chirurgie a le potentiel d’éliminer les crises dans leur cas. Or, détecter un foyer déclencheur d’une crise dans le cerveau n’est toutefois pas une mince tâche. Cela peut même exiger d’y insérer des électrodes, une intervention qui n’aboutit pas toujours à des conclusions claires, en plus de s’accompagner de risques de complications. La Dre Birgit Frauscher, professeure à l’Institut et hôpital neurologique de Montréal de l’Université McGill, a mis au point, avec son équipe, un outil pour identifier les patients chez qui ce mode de diagnostic invasif est dénué de bénéfices.
La neurologue et ses collaborateurs ont d’abord analysé les données de 128 patients ayant subi cette intervention par le passé. Au total, ils ont décelé cinq variables prédictives du succès ou de l’insuccès de l’opération, comme la constatation d’une lésion au moyen de l’imagerie médicale ou une activité électrique focale du cerveau en début de crise. Forts de ces conclusions, ils ont conçu un modèle statistique : le score 5-SENSE. Puis, ils l’ont validé auprès d’une cohorte plus importante de 207 patients provenant de neuf centres spécialisés en épilepsie à l’international et souffrant de crises complexes d’épilepsie.
Les résultats sont encourageants. Le score 5-SENSE permet de sélectionner de manière fiable les patients chez qui l’implantation d’électrodes est à éviter. C’est là une avancée majeure pour les cliniciens, qui disposent maintenant d’un outil simple et rapide d’application – le remplir prend quelques minutes – pour mieux trier les patients en amont. Ces derniers font ainsi l’économie d’une épreuve inutile et perturbante qui, de plus, draine de précieuses capacités hospitalières. L’équipe derrière cette découverte travaille désormais à améliorer la sensibilité du score 5-SENSE. Une éventuelle étude multicentrique est ainsi prévue.