Vieillissement de la main-d’œuvre et virage numérique ne font pas toujours bon ménage. Composer avec des outils numériques de plus en plus complexes peut même générer du stress chez les travailleuses et les travailleurs de plus de 60 ans, ce qui, en retour, peut nuire à leur productivité. Stefan Tams, titulaire du Professorship de recherche en technologies et vieillissement à HEC Montréal, s’intéresse aux facteurs qui modulent ce type de stress.
Les résultats montrent qu’une baisse de l’attention sélective chez les plus de 60 ans les rend plus vulnérables aux distractions.
Dans une récente expérience, il a étudié l’impact de différentes interfaces numériques sur le stress auprès de 120 personnes, dont la moitié avaient plus de 60 ans et l’autre moins de 30 ans. Les participants et les participantes devaient jouer sur un ordinateur au jeu de mémoire Concentration, tout en étant confrontés à des distractions. À l’aide de prélèvements de salive, le chercheur a mesuré leur niveau d’adrénaline, qui est un marqueur de stress.
Les résultats montrent qu’une baisse de l’attention sélective chez les plus de 60 ans les rend plus vulnérables aux distractions comme les messages textes et les alertes de courriels et de messagerie. Ces interruptions les stressent et diminuent leur concentration.
De plus, les participantes et les participants plus âgés travaillaient mieux avec des interfaces basées sur des mots-clés, dans lesquelles on recherche un fichier grâce à un moteur de recherche. En revanche, ils étaient moins à l’aise avec des interfaces qui exigent de trouver un fichier dans une structure de dossiers. Selon le chercheur, cela peut s’expliquer par le fait qu’en vieillissant, nous perdons un peu de notre « intelligence fluide », qui sert à s’adapter et à apprendre, mais que, par contre, notre « intelligence cristallisée », qui se traduit par exemple par une plus grande expérience et un vocabulaire plus riche, constitue un atout important.
Les résultats révèlent aussi que plus une personne âgée a confiance en ses habiletés technologiques, moins elle subit de stress. En adaptant leurs interfaces numériques et en offrant plus de formation continue, les organisations peuvent donc aider les individus plus âgés à mieux utiliser les nouvelles technologies.