Parmi la maîtrise des compétences numériques attendues, celles liées à l’usage de la programmation informatique sont de plus en plus au cœur des débats éducatifs.
Cependant, l’intégration de l’informatique dans les milieux scolaires constitue encore un défi. La programmation et la pensée informatique qu’elle permet de développer peinent à prendre leur place dans les pratiques enseignantes. D’où la nécessité de cette recherche visant à développer et expérimenter de nouveaux modes d’action auprès des enseignants pour faciliter l’intégration de la programmation informatique en classe de mathématiques. Le principal obstacle relevé est celui de la formation informatique. Les enseignants doivent penser l’initiation informatique, la leur et celles de leurs élèves en même temps que sa mise en œuvre mathématique.
C’est à la fois épuisant et contre-productif. Pour éviter cet écueil, les enseignants doivent pouvoir s’appuyer sur des connaissances établies chez les élèves. Cela demande un changement de statut institutionnel de la programmation informatique, depuis celui actuel d’activité laissée à la libre initiative de l’enseignant à celui d’activité prescrite par le curriculum.
Les résultats montrent que, face à ces difficultés, la communauté constitue une ressource incontournable. Le travail collaboratif est à favoriser à tous les niveaux : pour les élèves, en groupe classe, pour les enseignants au sein de communautés pédagogiques et professionnelles locales et élargies. Ce travail collaboratif doit comporter une part de mise en action et des retours d’expérience. Il est le garant de l’émergence des nouveaux savoirs, incluant un changement nécessaire dans la posture aussi bien de l’apprenant que de l’enseignant. La programmation informatique comporte en effet une part expérientielle qui induit une nouvelle dynamique dans les interactions au sein de la classe et une reconnaissance du droit à l’erreur pour les élèves comme pour l’enseignant. Il en résulte un réel plaisir à utiliser la programmation en classe qui soutient la dissémination des pratiques pertinentes. Enfin, la reconnaissance, financière et intellectuelle, des initiatives portées par tous les intervenants est primordiale pour la pérennité de ces pratiques.
Chercheuse principale
Fabienne Venant, Université du Québec à Montréal
Dépôt du rapport de recherche : juillet 2024