Comment rééduquer les fonctions motrices d’une victime après un AVC ou une blessure sportive? Grâce à l’apprentissage perceptif ou sensoriel. Ainsi, après une maladie ou un accident, nos sens et nos sensations constitueraient « la porte arrière » de la réadaptation, comme le prouvent les travaux de David Ostry, professeur au Département de psychologie de l’Université McGill.

Le chercheur et ses collègues de l’Université McGill et de l’Université de Montréal ont démontré que l’apprentissage ou le réapprentissage de compétences motrices ne se fait pas seulement en répétant des mouvements activement. La stimulation des sens est également impliquée, en particulier le système somatosensoriel, qui informe le cerveau sur les mouvements du corps par rapport à son environnement immédiat.

Dans le cadre d’un de leurs projets de recherche, les scientifiques ont demandé à 25 participants d’effectuer un mouvement de bras précis en direction d’une certaine combinaison de sons entendus. Le but était de reproduire l’apprentissage de la parole, qui demande d’associer un mouvement de la bouche à un son particulier.

En utilisant l’imagerie par résonance magnétique, l’équipe de recherche a localisé l’activité cérébrale lors de l’exécution de cette tâche. Puis, à l’aide de la spectroscopie par résonance magnétique, ils ont mesuré plus précisément les molécules chimiques (les neurotransmetteurs) en jeu.

Résultat : les aires motrices et sensorielles du cerveau s’activent parallèlement. Le neurotransmetteur inhibiteur GABA, très commun dans les neurones de la couche externe du cerveau et connu pour contrôler la motricité, augmente pendant et après la réalisation de la tâche. Cette molécule chimique stabilise ensuite les changements induits dans le cerveau par l’apprentissage.

Les chercheurs ont constaté la même chose lorsqu’une structure robotisée fait bouger les membres d’une personne : la seule perception de mouvements involontaires générés par le robot augmente les capacités motrices de la personne après un certain temps.

Ce lien entre nos sens et nos mouvements montre que le cerveau demeure plastique et qu’il est possible de reprogrammer un corps pour qu’il retrouve une certaine motricité.