Le terrible tremblement de terre qui a frappé Haïti en janvier 2010 a poussé une partie de la population de l’île sur les routes de l’émigration. Comment s’intègrent ceux et celles qui ont opté pour le Québec ?
De 2015 à 2017, Patrick Cloos, chercheur à l’Université de Montréal, a mené des entrevues avec 12 Haïtiennes et 11 Haïtiens arrivés au Québec après 2010. Les résultats obtenus mettent en lumière les parcours d’immigration très hétérogènes de ces personnes, âgées de 21 à 76 ans.
La plupart de ces nouveaux arrivants ont bénéficié du Programme spécial de parrainage humanitaire mis en place dans la foulée du séisme. L’existence d’un réseau relié à la famille, à l’Église ou à des organismes communautaires a joué un rôle crucial dans leur intégration.
Le rapport de ces immigrants à Haïti change d’une personne à l’autre, mais demeure complexe.
Les motivations peuvent aussi être « proactives » et découler d’une attirance pour un parcours plus intéressant. Il s’agit alors d’améliorer ses conditions de travail, de se développer davantage, d’apprendre de nouvelles choses ou d’occuper un poste plus conforme à ses valeurs et à ses intérêts.
Trois répondants sont passés par l’Amérique du Sud et les États-Unis avant d’arriver au Québec. Pour eux, l’obtention d’un statut migratoire permanent est plus ardue. Or, sans statut garanti, il devient difficile d’accéder à des emplois stables, à des logements ou à l’éducation.
D’autres facteurs doivent aussi être pris en compte. Les personnes plus âgées, notamment les femmes, peinent à se trouver un emploi, surtout lorsqu’elles parlent seulement créole. Les jeunes ont plus d’occasions de s’instruire ou de travailler. Certains ont aussi indiqué que le racisme affecte leur quotidien et limite leurs possibilités sur le plan professionnel.
Le rapport de ces immigrants à Haïti change d’une personne à l’autre, mais demeure complexe. Chez certains, le sentiment de sécurité qu’offre le Québec se mêle au mal du pays, à la séparation d’avec ceux et celles qui sont restés là-bas, et aux séquelles psychologiques liées à la destruction et aux décès causés par le séisme.
Mieux comprendre la situation de ces personnes permettra aux autorités d’adapter leurs politiques d’accueil et d’intégration.