Nous cherchions à donner un visage humain à une problématique très complexe.
Les élèves innus doivent passer d’un mode de transmission du savoir appris à la maison à un tout autre mode à l’école.
Ainsi, nous avons évalué les connaissances lexicales, morphologiques, syntaxiques et pragmatiques, tout comme les habiletés en lecture et en écriture de 601 élèves de la maternelle à la sixième année du primaire. Lors d’un deuxième voyage, nous avons fait remplir un questionnaire sur les habitudes linguistiques et donner un petit test d’innu aux élèves de 4e, 5e et 6e années. Tous les participants étaient inscrits dans six écoles situées sur la Côte-Nord. Une vingtaine d’enfants étaient francophones ou parlaient une langue autre que l’innu. Tous les autres participants étaient de langue maternelle innue.
Il semble que le contexte linguistique, culturel et socioéconomique des élèves innus influence beaucoup leur développement linguistique. Alors qu’ils sont locuteurs non-natifs du français, ce statut n’est jamais reconnu pédagogiquement et ils sont largement laissés à eux-mêmes pour apprendre le français. Sans aide, ils ont du mal à développer la base lexicale nécessaire à l’acquisition du français et au développement de la littératie. Le fait que leur langue maternelle est une langue à tradition orale et non pas à tradition écrite joue également un rôle dans leur développement linguistique. Par rapport aux élèves allophones de Montréal, les élèves innus sont plus lents à développer une sensibilité à l’écrit et des connaissances des correspondances graphème-phonème. Finalement, les élèves innus doivent passer d’un mode de transmission du savoir appris à la maison (l’apprentissage par observation) à un tout autre mode à l’école (apprentissage par participation).
Nous sommes arrivés à la conclusion que la grande majorité des élèves innus ne développent pas les compétences en français nécessaires au succès scolaire parce qu’ils sont confrontés à une série de tâches impossibles à accomplir quand ils entrent à l’école.
Chercheure principale
Lori Morris, Université du Québec à Montréal
Dépôt du rapport de recherche : août 2007