Les gouvernements de plusieurs pays interviennent pour soutenir l’emploi chez les jeunes. Or, l’analyse sémantique des mesures qu’ils déploient en dit long sur leur vision du rôle des jeunes dans la société et sur le marché du travail.
María Eugenia Longo, chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a analysé et comparé les textes d’une centaine de politiques publiques et de programmes d’emploi mis en place pour les jeunes au Canada, au Québec, en France et en Argentine. Elle a aussi réalisé une vingtaine d’entrevues avec des personnes expertes et des responsables de la formulation de ces politiques.
L’analyse révèle que dans chaque contexte, les politiques instaurées diffèrent en matière d’objectifs, de populations ciblées, de solutions et de services. Surtout, elle montre que les États donnent des significations variées à l’emploi, au rôle des jeunes sur le marché du travail et au soutien offert.
Ces divergences de sens déterminent le type d’efforts exigés des jeunes pour bénéficier de ces politiques publiques. Dans certains contextes, on leur demandera simplement de s’activer individuellement, en occupant un emploi, en suivant une formation ou même en effectuant un voyage. Ailleurs, on voudra que les jeunes soient en emploi. Ailleurs encore, on insistera surtout sur la réinsertion sociale par l’emploi, ou sur les études et les qualifications.
L’analyse de María Eugenia Longo nous renseigne donc sur la manière dont les États conçoivent leur fonction par rapport aux jeunes. Par exemple, on retrouve plus souvent un rôle de facilitateur sans financement au Canada; un rôle de guide et de soutien au Québec; un rôle plus directif de classement scolaire et professionnel en fonction des places disponibles en France, et un rôle de compensateur des vulnérabilités en Argentine.
Cette étude permet de mieux comprendre la place que les États accordent aux jeunes dans la société et la façon dont cela affecte les politiques qu’ils élaborent pour eux.