Depuis l’adoption de la Loi visant à lutter contre la pauvreté en 2002, la Québec a complété un cycle complet d’efforts, avec la mise en œuvre de deux plans d’action.
Les statistiques suggèrent que des progrès ont été faits, mais de façon inégale et insuffisante. Mais qu’en est-il des revenus des personnes les plus pauvres, celles qui sont sans emploi ou occupent les emplois les moins favorables?
Pour plusieurs ménages, c’est la hausse du salaire minimum qui a fait le plus de différence.
En simulant à l’aide de données gouvernementales la situation de ménages à faible revenu types pour les années 1995, 2007 et 2012, nous avons constaté que les réformes adoptées ont changé la donne, mais pas nécessairement dans le sens attendu. Les politiques publiques ont surtout favorisé les familles, et principalement celles dont au moins un des membres est en emploi. Pour plusieurs ménages, notamment, c’est la hausse du salaire minimum qui a fait le plus de différence. Le Québec est peut-être devenu un « paradis pour les familles », mais ceci est surtout vrai pour les familles qui s’insèrent sur le marché du travail.
Qu’en est-il du revenu des personnes à l’aide sociale? En comparant l’évolution de ces revenus dans les dix provinces du Canada pour la période 1990-2009, nous pouvons établir que ces revenus bougent lentement mais varient beaucoup d’une province à l’autre. Et ces variations s’expliquent moins par la richesse relative ou par la hauteur des transferts fédéraux que par le contexte politique et social propre à chaque province. Le taux de syndicalisation et l’endettement public, en particulier, influencent le niveau des revenus d’aide sociale. Les provinces fortement syndiquées sont plus généreuses envers les personnes les plus démunies; les plus endettées le sont moins. La fin du Régime d’assistance publique du Canada en 1995 a également exercé une pression à la baisse sur les revenus d’aide sociale.
Chercheur principal
Alain Noël, Université de Montréal
Dépôt du rapport de recherche : décembre 2015