Encore aujourd’hui, les femmes effectuent plus de tâches domestiques et prodiguent plus de soins à leurs proches que les hommes. À cela s’ajoutent les exigences de leur emploi, qui viennent alourdir leur charge mentale. Quel est l’impact de celle-ci sur leur santé et leur bien-être ?
Isabelle Courcy, chercheuse au Département de sociologie de l’Université de Montréal, a effectué une synthèse des connaissances au sujet de la charge mentale des femmes. Avec son équipe, elle a analysé les études récentes sur cette question. Des organismes communautaires et des groupes de la société civile ont participé à la recherche, que ce soit pour aider à recenser les écrits ou pour partager leur analyse.
Les résultats montrent que les effets négatifs de la charge mentale des femmes sur leur santé physique et mentale sont indéniables et bien documentés. Cette situation contribue aux difficultés de concilier le travail et la vie personnelle, et augmente les risques de souffrir de problèmes de santé mentale et physique – stress chronique, dépression, épuisement, difficultés liées au sommeil, migraines, troubles musculosquelettiques, etc. Ces effets sont plus importants encore dans certaines populations, comme les mères monoparentales et les personnes marginalisées.
La recherche indique en outre que les solutions proposées à ces femmes, notamment sur Internet, sont souvent contre-productives. Elles se concentrent généralement sur l’individu pour tenter de lui apprendre à lâcher prise et à mieux gérer son stress, mais sans s’attaquer au problème de fond que constitue la charge de travail et aux mécanismes sociaux qui la favorisent.
La chercheuse estime qu’on doit plutôt améliorer les services et le soutien offerts aux familles, assurer un accès équitable à ces ressources et mieux prendre en compte la charge mentale dans les politiques publiques. On doit aussi poursuivre les efforts visant la parité salariale en emploi et le rééquilibrage du partage des tâches entre les femmes et les hommes, entre autres quand il est question de soins aux proches.
Vous souhaitez en savoir plus sur cette recherche? Consultez la synthèse des connaissances sur la notion renouvelée de charge mentale. |