Des altercations entre itinérants et résidents ont fait les manchettes dans les dernières années.

Ces événements illustrent bien l’importance de mieux comprendre les enjeux entourant les conflits entre les acteurs impliqués, et le défi que représente l’itinérance dans les espaces publics de Montréal et Québec.

Le sentiment d’insécurité est aussi éprouvé par les personnes itinérantes et non seulement par les résidents et les commerçants.

Ces enjeux incluent entre autres l’image de dévitalisation que projetteraient les itinérants en étant visibles aux touristes, aux résidents et aux investisseurs que les villes désirent attirer dans des secteurs en revitalisation de Montréal et Québec. Cette position, que l’équipe de recherche a qualifiée « d’écosanitaire », et qui est surtout revendiquée par les commerçants et certains résidents, conduit à gérer le partage de l’espace public en visant l’invisibilité des personnes itinérantes, et en proposant, par exemple, de disperser les ressources d’aide en périphérie des secteurs concernés.

Par ailleurs, du côté des acteurs communautaires et de certains résidents, une position relevant d’un imaginaire « démocratique » s’oppose à la première en revendiquant pour les personnes itinérantes le droit à l’espace public, et en pratiquant la prévenance qui invite à négocier les normes avec les personnes en situation de marginalité plutôt qu’à les imposer par la normalisation de leurs comportements. Soulignons que dans notre analyse des discours médiatiques, les imaginaires écosanitaire et démocratique sont majoritairement présents et de façon plutôt équivalente pour les périodes 1993- 1999 et 2000-2006, tandis que pour la période 2007-2012, l’imaginaire démocratique prévaut.

Certains résidents et acteurs municipaux tenteront une position mitoyenne en favorisant l’animation dans les parcs publics de façon à diluer la présence de l’itinérance, ou en favorisant la sortie de la rue dans une perspective idéologique « salutaire ». Notre recherche a montré que le sentiment d’insécurité était aussi éprouvé par les personnes itinérantes et non seulement par les résidents et les commerçants. Ce sentiment d’insécurité partagé est en ce sens producteur d’inégalités d’accès à l’espace public, ainsi qu’un levier ambiguë de défense de droits et de justification de pratiques de gestion revendiquant la sécurité de certains acteurs aux dépens de celle des personnes en situation de marginalité.

Chercheur principal

Michel Parazelli, Université du Québec à Montréal

Résumé

Rapport de recherche

Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : septembre 2013