Dans des conflits des années 1990 tels que le génocide rwandais et la guerre en ex-Yougoslavie, des médias ont relayé de la propagande en attisant la haine entre différentes communautés. Avec l’arrivée d’Internet et la montée en puissance des plateformes en ligne, la propagande haineuse et la désinformation ont malheureusement migré vers l’écosystème numérique.

Simon Thibault, professeur en science politique et chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), a étudié ces phénomènes et leurs mutations. Ses recherches l’ont entre autres amené à s’intéresser aux efforts pour réformer l’environnement médiatique de pays en reconstruction post-conflit où les médias propagandistes avaient exacerbé les tensions identitaires. Il s’est ensuite penché sur l’évolution de la désinformation depuis que l’Internet est devenu omniprésent, dans le contexte de la montée des populismes ou de conflits récents, telle l’invasion russe de l’Ukraine.

Les savoirs générés par ce projet ont eu plusieurs retombées, dont la codirection de l’ouvrage collectif Les fausses nouvelles : nouveaux visages, nouveaux défis, publié aux Presses de l’Université Laval en 2018, puis réédité chez Hermann en France en 2019. Le livre, qui rassemble les contributions d’une quinzaine de spécialistes canadiens, américains et européens, offre l’un des premiers éclairages en français sur la désinformation en ligne.

Le projet a aussi eu de nombreuses retombées éducatives et médiatiques. Il a permis au chercheur d’enrichir l’offre de cours au sein de son département tout en étant présent dans l’espace médiatique pour vulgariser les questions touchant la désinformation. Plusieurs médias l’ont ainsi sollicité depuis le début de la guerre en Ukraine afin de démêler les fils de la propagande russe.