Dans les élevages de poulets de chair, c’est-à-dire des poules élevées pour la production de viande, des antibiotiques sont donnés à petites doses pour prévenir les infections et stimuler la croissance. Cette utilisation est toutefois de plus en plus remise en question, alors que plusieurs bactéries développent une résistance à ces antibiotiques. Comment faire grossir rapidement les poulets et prévenir autrement les infections dans les poulaillers ? En utilisant une formulation biologique à base de levures et de mycènes, une sorte de champignons.
Voilà ce que propose Satinder Kaur Brar, chercheuse à l’INRS Centre Eau Terre Environnement et professeure au Département de génie civil de l’Université de York.
La scientifique a comparé l’efficacité de sa préparation à celle des antibiotiques administrés à 360 poulets de chair. Elle a travaillé en collaboration notamment avec Stéphane Godbout, de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement de Deschambault, Younes Chorfi, professeur au Département de biomédecine vétérinaire de l’Université de Montréal, et la coopérative Exceldor.
Après 35 jours de diètes différentes, les membres de l’équipe ont pesé les poules et analysé leurs paramètres biologiques. Ils ont remarqué que les volailles qui avaient reçu la nouvelle préparation affichaient un gain de poids supérieur à celles qui recevaient les antibiotiques. Aussi, leur taux de cholestérol était plus bas et les fonctions de leurs reins et de leur foie étaient normales. Plus encore, la professeure Brar et ses partenaires ont noté que leur formulation favorisait une production au moins cent fois plus élevée de bonnes bactéries antimicrobiennes dans les estomacs des poulets.
Devant ces résultats très prometteurs, les scientifiques tentent d’obtenir des instances gouvernementales canadiennes l’autorisation d’utiliser leur préparation pour remplacer les antibiotiques. La professeure Brar espère que leur produit se rendra jusqu’aux éleveurs de volailles et connaîtra du succès, comme l’a fait sa recette d’épices antimicrobiennes et antioxydantes, qui remplacent les agents de conservation et qui se retrouvent dans la cuisine de grands chefs à Montréal.