Les francophones qui parlent anglais butent souvent sur la prononciation des sons « th » et « h ». Par exemple, ils tendent à substituer des « t » et des « d » pour « th » (« I tink dat » au lieu de « I think that ») ainsi qu’à élider le « h » (« old » à la place de « hold »), voire à l’insérer (« hice » plutôt que « ice »). De manière classique, on explique ces phénomènes par des problèmes de perception et de représentation mentale des sons, lesquels induisent des productions fautives.
Or, les locuteurs francophones de l’anglais ne produisent pas ces erreurs de prononciation de manière systématique. Pour un même mot, ils alternent entre une prononciation exacte (« thank ») et inexacte (« tank »). Cette observation empirique met à mal la théorie dominante, soutient Paul John, professeur au Département des langues modernes et de traduction de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Avec son équipe, le chercheur a voulu mieux comprendre pourquoi ces erreurs de prononciation sont variables. Ils ont soumis 50 Québécois francophones à une tâche de production – un exposé oral en langue anglaise, en somme – ainsi qu’à deux tâches de perception des sons « th » et « h ».
Les résultats de l’expérience suggèrent finalement que les locuteurs francophones de l’anglais développent des représentations approximatives pour les nouveaux sons en langue seconde et non pas des représentations phonologiques basées sur des traits distinctifs, comme le font des locuteurs natifs. Par conséquent, ils n’en viennent qu’à parfois bien percevoir et prononcer les sons « th » et « h ». Ces résultats pourraient avoir un impact sur l’enseignement de la prononciation de l’anglais langue seconde, par exemple en incitant les apprenants à pratiquer la perception et la production des sons « th » et « h » afin de mieux s’exprimer malgré des représentations inexactes.