Alors que les bouleversements climatiques ont des conséquences perceptibles sur la gestion des eaux, notamment lors de pluies abondantes, de plus en plus de villes intègrent des systèmes végétalisés comme les biorétentions, qui font partie d’un groupe de solutions appelées « infrastructures vertes ». En raison de leurs multiples avantages, qui vont du verdissement au contrôle du ruissellement, en passant par la filtration des contaminants dans les eaux pluviales, la réduction des îlots de chaleur urbains et la protection de la biodiversité, les infrastructures vertes apparaissent en effet comme un des outils qui permettront aux municipalités de mieux répondre aux défis climatiques au cours des prochaines décennies.

L’implantation de ces méthodes étant relativement récente au Québec, il est important de documenter leur performance, estime la professeure Françoise Bichai, du Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal. Accompagnée d’étudiants et d’étudiantes aux études supérieures, elle a donc amorcé plusieurs collaborations interdisciplinaires pour analyser dans quels contextes ces systèmes sont les plus efficaces.

En collaboration avec la Ville de Trois-Rivières, la chercheuse et son équipe ont pu participer à la collecte des données du grand projet de la rue Saint-Maurice, qui intègre 54 cellules de biorétention sur un tronçon de 1,3 kilomètre. Par exemple, des étudiants ont documenté sur le terrain la performance de certaines cellules pour réduire le ruissellement localement et certains contaminants que transportent les eaux pluviales. Une autre étudiante a réalisé une modélisation hydraulique et hydrologique en tenant compte de l’impact de l’accumulation et de la fonte de la neige. Cette donnée, rarement incluse dans la littérature scientifique, est importante à considérer dans l’évaluation du ruissellement et de la performance des biorétentions, comme l’ont soulevé ces travaux.

Ces projets de recherche aux retombées prometteuses ont donné à Françoise Bichai l’occasion d’élargir les thèmes de collaboration avec la municipalité trifluvienne, mais aussi avec des experts et des expertes venus de partout et issus de plusieurs disciplines, allant du génie aux sciences sociales, en passant par l’aménagement et l’urbanisme. Parce que, pour profiter des multiples avantages qu’offrent les infrastructures vertes et mieux planifier leur implantation, il est indispensable d’adopter une approche interdisciplinaire.

Références

Le Cauchois, P., Doucet, S., Bouattour, O., McQuaid, N., Beral, H., Kõiv-Vainik, M., Bichai. F., McCarthy, D., St-Laurent, J., Dagenais, D., Bennekrela, N., Guerra, J., Hachad, M., Kammoun, R. et Dorner, S. (2025) Full-scale characterization of the effects of a bioretention system on water quality and quantity following replacement of a mixed stormwater and combined sewer system. Blue-Green Systems (sous presse).

Gougeon, G., Bouattour, O., Formankova, E., St-Laurent, J., Doucet, S., Dorner, S., Lacroix, S., Kuller, M., Dagenais, D. et Bichai, F. (2023) Impact of bioretention cells in cities with a cold climate: modeling snow management based on a case study. Blue-Green Systems, 5(1), p. 1-7. https://doi.org/10.2166/bgs.2023.032

Lacroix, S., Kuller, M., Gougeon, G., Petrucci, J., Lemieux-Chalifour, F., Rioux, A., Dagenais, D. et Bichai, F. (2024) Can we stop reinventing the wheel in blue-green infrastructure planning? Using value-focused thinking to enable transferability of a multicriteria planning support system. Wiley, Landscape and Urban Planning, vol. 252, p. 105188. https://doi.org/10.1016/j.landurbplan.2024.105188