Kossi Clément Trenou

Kossi Clément Trenou

Candidat au doctorat en biostatistique, Université Laval


Publication primée : Analyse des effets des inhibiteurs de l’aromatase en traitement prolongé chez les femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein non métastatique hormonodépendant ayant déjà reçu cinq ans d’hormonothérapie adjuvante : revue systématique et méta-analyse

Publiée dans : Bulletin du Cancer

Résumé :

Contexte
Le cancer du sein est l’un des types de cancer les plus fréquents chez les femmes, touchant environ une femme sur huit au cours de sa vie. Il est également une cause majeure de décès par cancer chez les femmes. Pour celles atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant, l’hormonothérapie adjuvante, administrée pendant cinq ans, est un traitement standard qui aide à réduire le risque de récidive. Cependant, la question de prolonger ce traitement au-delà de cinq ans reste débattue, car elle comporte à la fois des bénéfices potentiels et des risques.
Objectif de l’étude
Cette étude a pour objectif d’évaluer les avantages et les inconvénients de prolonger l’hormonothérapie adjuvante avec des inhibiteurs de l’aromatase au-delà des cinq années initiales de traitement. Les chercheurs ont entrepris une revue systématique et une méta-analyse afin de fournir des données actuelles et pertinentes pour éclairer les décisions cliniques.
Méthodologie
Pour cette étude, les chercheurs ont sélectionné des essais cliniques randomisés comparant la prolongation de l’hormonothérapie adjuvante par des inhibiteurs de l’aromatase à un placebo ou à l’absence de traitement. Les données analysées proviennent de sept essais cliniques incluant des femmes ayant déjà suivi cinq ans d’hormonothérapie adjuvante.
Résultats
Les résultats de l’étude montrent que prolonger le traitement avec des inhibiteurs de l’aromatase entraîne une amélioration significative de la survie sans maladie. Plus précisément, les femmes ayant prolongé le traitement avaient 30 % moins de risque de récidive par rapport à celles n’ayant pas poursuivi le traitement. Cependant, cette prolongation n’était pas sans effets secondaires. Les femmes traitées plus longtemps ont présenté des taux plus élevés de certains effets indésirables, notamment : Ostéoporose (augmentation du risque de 17 %), Bouffées de chaleur (augmentation du risque de 27 %), Douleurs musculaires Myalgies (augmentation du risque de 23 %), Fractures osseuses (augmentation du risque de 26 %), Douleurs articulaires (augmentation du risque de 17 %). En revanche, aucune amélioration significative n’a été observée en termes de durée de vie. Les risques d’événements cardiovasculaires et de douleurs osseuses n’étaient pas significativement différents entre les groupes.
Conclusion
Cette étude souligne que prolonger l’hormonothérapie adjuvante avec des inhibiteurs de l’aromatase peut offrir des avantages notables en termes de survie sans maladie pour les femmes atteintes de cancer du sein hormonodépendant. Toutefois, les effets secondaires associés à cette prolongation, comme l’ostéoporose et les douleurs musculaires et articulaires, doivent être soigneusement considérés dans la prise de décision. En somme, bien que la prolongation du traitement puisse réduire le risque de récidive, elle ne semble pas améliorer la survie globale et augmenter le risque d’effets secondaires significatifs. Ces informations sont essentielles pour aider les patientes et leurs médecins à prendre des décisions éclairées concernant la prolongation de l’hormonothérapie adjuvante.