
Morgane Gabet
Professeure adjointe au Département de gestion, évaluation et politique de santé (DGEPS) à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM)
Publication primée : Indicateurs de qualité des soins en santé mentale pour les approches centrées sur la personne et axées sur le rétablissement
Publiée dans : Santé mentale au Québec
Résumé :
Le gouvernement du Québec souhaite améliorer la qualité des soins en santé mentale, notamment dans les établissements de soins primaires et communautaires, en mettant l’accent sur des soins centré sur la personne et favorisant le rétablissement de toutes et tous. Cette étude vise ainsi à recenser les indicateurs de qualité déjà existants pour mesurer ces aspects, tout en évaluant leurs points forts et leurs faiblesses. Pour atteindre cet objectif, nous avons mené une revue des revues systématiques dans les bases de données scientifiques (comme MEDLINE, EMBASE, PsycINFO et CINAHL) en nous concentrant sur les mots-clés liés aux troubles de santé mentale, aux soins de première ligne, à la qualité des soins. Nous avons également réalisé une consultation d’expert en qualité des services de santé mentale et effectué une recherche manuelle dans les références des articles identifiés pour nous assurer qu’aucune information pertinente n’était négligée. Enfin, une recherche dans des rapports et sites web d’organisations, tant canadiennes qu’internationales, a permis de compléter l’étude. Au total, l’analyse a débuté avec 2 837 références, qui ont été réduites à 6 revues systématiques répondant aux critères de qualité. Parallèlement, des indicateurs pertinents ont été identifiés sur les sites web de 13 organisations (7 internationales et 6 canadiennes) sur les 25 initialement consultées. L’étude a finalement permis d’identifier 106 indicateurs de qualité, dont 91 concernent les soins centrés sur la personne et 15 portent sur les soins axés sur le rétablissement. Les indicateurs pour les soins centrés sur la personne se divisent en deux niveaux. Le premier niveau est organisationnel, et se concentre principalement sur la continuité des soins dans les établissements. Le second niveau se situe au niveau des pratiques, c’est-à-dire les actions des prestataires de soins ou les interactions avec les patients. Quant aux indicateurs axés sur le rétablissement, ils se regroupent en quatre catégories principales : les liens avec la communauté, la lutte contre la discrimination et la stigmatisation, les rôles sociaux que les personnes atteintes de troubles de santé mentale peuvent jouer, et le soutien social dont elles bénéficient. En somme, l’étude montre qu’il existe encore des lacunes importantes dans les outils disponibles pour mesurer la qualité des soins en santé mentale. Ces insuffisances compliquent la mise en œuvre de soins véritablement centrés sur la personne et axés sur le rétablissement, comme le préconisent pourtant les stratégies gouvernementales, notamment le Programme québécois pour les troubles mentaux (PQPTM). En conclusion, bien que des indicateurs existent pour évaluer ces dimensions des soins en santé mentale, ils ne sont pas encore suffisamment robustes pour couvrir tous les aspects nécessaires à une amélioration significative de la qualité des soins. D’autres recherches sont nécessaires pour affiner ces outils et ainsi mieux répondre aux besoins des personnes vivant avec des troubles de santé mentale au Québec.