Isabelle Courcy
Professeure adjointe : Département de sociologie, Faculté des arts et des sciences, Université de Montréal
Publication primée : Sociologie de l’autisme : une pratique compréhensive ancrée dans une épistémologie relationnelle
Publiée dans : Cahiers de recherche sociologique
Résumé :
Cet article est paru dans un numéro spécial « Arrêt sur l’image : la sociologie repensée par de jeunes chercheur.e.s au Québec » lancé par le comité de rédaction de la revue Cahiers de recherche sociologique (CRS). Les CRS font état des recherches sociologiques et des débats théoriques et méthodologiques contemporains. La revue constitue un espace pluraliste de réflexion critique ouvert aux sociologues et aux sociologies du monde entier. Les CRS publient des articles originaux et qui correspondent aux standards des revues scientifiques de la discipline. Dans le cadre de ses 40 ans, un appel à texte a été lancé aux « jeunes sociologues » afin d’approfondir les rapports que les nouvelles générations de sociologues entretiennent avec « la discipline » sociologique, « la pratique » sociologique ou « le métier » de sociologue.
Ma proposition de texte a été acceptée, révisée par des pairs et publiée au courant de l’été 2024.
Dans un premier temps, j’échafaude les bases d’une sociologie de l’autisme, première proposition sur le sujet au Québec, voire même en Amérique du Nord. Me prêtant au jeu de l’exercice réflexif sur ma propre pratique de la sociologie, je présente également les concepts que j’emploie dans mes recherches, comme celui d’expérience sociale, d’individuation et de trajectoire-réseaux. Mon programme de recherche pose l’autisme comme une double heuristique révélant, d’une part, un positionnement privilégié pour renouveler les perspectives microsociologiques des interactions sociales et permettant d’analyser, d’autre part, les processus méso et macrosociaux découlant des réseaux personnels de soutien et de la normativité sociale qui concourent à la production contemporaine du sujet autiste.
La sociologie de l’autisme que j’échafaude revêt donc le potentiel d’approfondir nos connaissances sur l’autisme, mais aussi de renouveler la sociologie par les apports théoriques et méthodologiques qu’elle engage.
Je termine l’article en abordant des considérations méthodologiques qui traversent mes travaux et par lesquelles je développe, ancrée dans une épistémologie relationnelle, une pratique compréhensive de la sociologie favorisant des processus de coconstruction en recherche. Ces méthodes innovantes permettent à des personnes, traditionnellement exclues des recherches reposant sur des échanges verbaux comme dans le cas « d’entretien semi-dirigés classiques », de participer et de faire connaître leurs perspectives sur le monde et les enjeux qui les touchent. Les retombées de mes travaux visent à approfondir nos connaissances sur l’expérience sociale des personnes autistes afin de favoriser leur plus grande inclusion au sein de la société et de contribuer, par le fait même, à une plus grande justice épistémique dans la production des connaissances dans le champ de l’autisme.