Claudie Audet
Candidate au doctorat Recherche en sciences de la santé
Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Publication primée : Where we live matters: a comparison of chronic pain treatment between remote and non-remote regions of Quebec, Canada
Publiée dans : Frontiers in Pain Research
Résumé
Au Québec, six régions sont qualifiées comme « éloignées » en fonction de leur emplacement géographique par rapport aux grands centres urbains tels que Montréal ou Québec. Alors que les régions rurales sont définies comme des zones de faible densité de population, les régions éloignées sont caractérisées par leur distance géographique par rapport aux grands centres urbains. Il est donc possible de vivre en région rurale tout près d’un grand centre urbain (ex. : Oka), ou encore en zone urbaine, mais éloignée (ex. : Rouyn-Noranda). Dans les régions éloignées et rurales autour du monde, l’organisation, la planification et la dispensation des soins de santé représentent plusieurs défis.
L’accès aux soins y est parfois difficile, allant même jusqu’à compromettre l’équité dans l’accès aux soins. La région de résidence et l’accès aux soins sont ainsi des déterminants sociaux de la santé importants à considérer. Tout comme d’autres maladies chroniques, la douleur chronique est plus fréquente chez les personnes habitant les régions éloignées que chez les personnes habitant près ou dans les grands centres urbains (régions non éloignées). Par exemple, une étude canadienne a indiqué que les personnes vivant dans des régions rurales ou éloignées étaient 30 % plus susceptibles de souffrir de lombalgie chronique que celles ne vivant pas dans de telles zones. Nous nous sommes donc demandé s’il existait des différences entre les traitements utilisés par les personnes vivant avec de la douleur chronique en fonction de leur lieu de résidence. Une étude a été effectuée à l’aide de données récoltées auprès de personnes vivant avec la douleur chronique dans l’ensemble du Québec. Dans un questionnaire en ligne, les personnes participantes devaient indiquer dans laquelle des 17 régions administratives elles vivaient. Le profil de traitement de la douleur a été établi sur la base de sept aspects : l’utilisation de médicaments prescrits, de médicaments en vente libre, de traitements physiques et psychologiques (ex. physiothérapie), l’utilisation simultanée de traitements pharmacologiques et non pharmacologiques, l’accès à un professionnel de la santé de confiance pour le traitement de la douleur, la polypharmacie excessive (utilisation de 10 médicaments ou plus) et l’utilisation du cannabis pour la douleur. Au total, 1 399 personnes participantes ont répondu au questionnaire. Par rapport aux personnes vivant dans des régions éloignées, celles vivant dans des régions non éloignées étaient plus nombreuses à utiliser des médicaments prescrits contre la douleur (84 % contre 67 %), des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques simultanément (82 % contre 76 %), être en situation de polypharmacie excessive (28% contre 19%) et d’utiliser du cannabis pour la douleur (33% contre 21%). Il existe des différences dans les profils de traitement des personnes vivant avec de la douleur chronique en fonction de la région où elles vivent.
Nos résultats soulignent l’importance de considérer l’éloignement, et non pas seulement la ruralité, lorsqu’il s’agit de mieux comprendre les facteurs clés de la prise en charge de la douleur.