Nadia Deville-Stoetzel
Stagiaire postdoctorale à l’Institut de recherche du CUSM
Université McGill
Publication primée : Patients Living with Social Vulnerabilities Experience Reduced Access at Team-Based Primary Healthcare Clinics
Publiée dans : Healthcare Policy
Résumé
L’accès aux services de première ligne est un levier prioritaire des systèmes de santé permettant de réduire les inégalités de santé. Un manque d’accès entraîne des consultations aux urgences évitables et une détérioration de l’état de santé. Des vulnérabilités sociales telles que des conditions de vie liées à la pauvreté, l’isolement ou les discriminations ont un impact négatif majeur sur l’accès aux services de santé des patients. L’objectif principal de Nadia Deville-Stoetzel et de ses collaborateurs était d’évaluer les différences d’expériences d’accès des patients suivis dans un groupe de médecine familiale (GMF) en fonction de leur degré de vulnérabilité sociale. De juin à novembre 2021, 1562 patients de 4 cliniques interdisciplinaires GMF au Québec ont complété un sondage en ligne portant sur 4 dimensions de l’expérience d’accès, à savoir : 1) les actions entreprises avant la prise de rendez-vous; 2) pendant la prise de rendez-vous; 3) l’accès à la clinique (possibilités de recevoir des soins ou des conseils, heures d’ouverture, motifs de consulter ailleurs); 4) la continuité des soins (communication avec les membres de l’équipe, collaboration interprofessionnelle). Mobilisant l’indice de vulnérabilité sociale (IVS) basé sur la situation financière perçue, le support social, le niveau de scolarisation et la langue parlée à la maison, nous avons comparé l’appréciation de l’accès au GMF de trois groupes de patients ayant un score de vulnérabilité sociale nulle, faible (IVS=1) et élevé (IVS=2-4). Les modèles de régression multivariés ont été ajustés en incluant les caractéristiques sociodémographiques présentant des différences significatives. Avant de prendre un rendez-vous à leur clinique, le fait de se rendre aux urgences a été le moins rapporté par les répondants (5 % ; 3,7 %, 5,8 %). Pendant la prise de rendez-vous, plus de 80 % des personnes interrogées étaient satisfaites du rendez-vous qu’elles avaient obtenu. Néanmoins, les répondants du groupe à IVS élevé (n=32) ont deux fois plus rapporté s’être sentis abandonnés par le système de santé (p = 0,033). Les répondants du groupe à IVS faible (n=189) ont déclaré avoir consulté aux urgences du fait du manque de disponibilité de leur médecin de famille trois fois plus souvent que le groupe sans vulnérabilité (n=1122; p = 0,006). La continuité des soins s’est également révélée problématique pour ce groupe de répondants, qui a déclaré deux fois plus souvent que les membres de l’équipe clinique ne connaissaient pas leur histoire médicale récente (p = 0,006). Les patients du groupe à IVS élevé ont rapporté plus de deux fois plus souvent avoir eu l’impression que personne n’était en charge de leur dossier (p = 0,023). Ces deux groupes de répondants ont déclaré avoir reçu des informations contradictoires plus souvent que les patients non vulnérables. Les patients du groupe à IVS élevé ont rencontré davantage de difficultés d’accès aux services de santé, dû au manque de continuité, liées à la communication avec l’équipe médicale et à la collaboration interprofessionnelle. Surmonter ces obstacles nécessite de permettre aux médecins du Québec d’ajuster leur disponibilité en fonction de la vulnérabilité des patients et/ou de la situation socio-économique de la région de pratique.