Thomas Deshayes

Thomas Deshayes

Chercheur postdoctoral
Laboratoire de physiologie intégrative humaine (ÉPIC)
Institut de Cardiologie de Montréal

Publication primée : Regular physical activity across the lifespan to build resilience against rising global temperatures

Publiée dans : eBiomedecine Part of THE LANCET Discovery Science

Résumé

Le vieillissement de la population, l’inactivité physique, la prévalence des maladies chroniques et la hausse des températures mondiales représentent des défis de santé publique majeurs. Ces tendances accroissent l’exposition à la chaleur d’individus de plus en plus vulnérables, notamment les aînés et ceux vivant avec des maladies chroniques, comme en témoignent les taux accrus d’hospitalisation et de mortalité liés à la chaleur. Cette vulnérabilité s’explique par (i) une capacité réduite à dissiper la chaleur (ex : transpiration moindre) et (ii) une réserve physiologique limitée. Par exemple, les personnes atteintes de maladies cardiaques sont plus susceptibles de subir des événements cardiovasculaires lors d’une exposition à la chaleur en raison de leur réserve physiologique limitée. Les données épidémiologiques démontrent aussi que les personnes les plus impactées sont celles qui ont une autonomie fonctionnelle réduite, de la difficulté à réaliser leurs activités de la vie quotidienne et des altérations cognitives.

Les recherches montrent que les individus ayant une meilleure condition physique dissipent plus efficacement la chaleur, réduisant ainsi l’astreinte qui est placée sur leur organisme (hausse moindre de leur température corporelle et de leur rythme cardiaque). Cela pourrait s’expliquer par leur pratique régulière de l’exercice physique, qui entraîne une acclimatation à la chaleur : l’exercice augmente la température corporelle, accélère le rythme cardiaque, envoie plus de sang à la peau et induit la transpiration. Ces adaptations, lorsqu’elles se produisent régulièrement, améliorent la capacité du corps à dissiper la chaleur. De plus, l’exercice régulier augmente la réserve physiologique, repoussant le seuil à partir duquel l’astreinte placée sur l’organisme provoque des problèmes de santé. Enfin, l’activité physique est très bien établie comme un puissant levier pour maintenir de bonnes capacités fonctionnelles et cognitives; de puissants facteurs de protection face à la chaleur.

L’impact des futurs événements de chaleur extrême dépendra non seulement de l’ampleur du changement climatique, mais aussi de notre capacité à nous adapter en réduisant notre sensibilité et notre vulnérabilité. Bien que le rôle de l’activité physique dans la lutte contre le changement climatique soit reconnu (ex : transport actif), sa contribution potentielle à l’adaptation et à la résilience face aux risques sanitaires liés à la chaleur reste sous-estimée. Mon article propose une nouvelle perspective en formulant l’hypothèse que la pratique régulière d’activité physique tout au long de la vie pourrait jouer un rôle clé dans l’adaptation aux températures croissantes, renforçant ainsi la résilience individuelle et communautaire.

Cette hypothèse a le potentiel de transformer notre compréhension de la relation entre les habitudes de vie et la résilience climatique. Elle pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de recherche, non seulement en physiologie et en sciences de l’activité physique, mais aussi en santé publique, en explorant des interventions ciblées pour les populations plus vulnérables.