Olivier Lavoie

Olivier Lavoie

Candidat au doctorat en sciences pharmaceutiques

Université Laval

Publication primée : Hypothalamic GABAergic Neurons Expressing Cellular Retinoic Acid Binding Protein 1 (CRABP1) Are Sensitive to Metabolic Status and Liraglutide in Male Mice

Publiée dans : Neuroendocrinology

Résumé

Notre cerveau nous permet non seulement de faire des mouvements et de prendre des décisions, mais c’est aussi lui qui s’assure de maintenir un poids corporel stable. Lorsque l’on dépense beaucoup de calories ou que l’on jeûne, notre cerveau détecte que nos réserves d’énergie sont basses et nous fait ressentir la faim pour que l’on reprenne l’énergie perdue. À l’inverse, notre cerveau est aussi responsable de nous faire ressentir la satiété lorsque nous avons mangé suffisamment de calories pour répondre à nos besoins.

La régulation de l’appétit et du poids corporel par notre cerveau est un processus très complexe et encore mal compris qui nécessite plusieurs régions et plusieurs types de cellules différentes. Certains neurones s’activent pour nous faire ressentir la faim, d’autres s’activent pour nous faire ressentir la satiété, et d’autres encore ont comme rôle de détecter la présence de certaines hormones comme l’insuline. Plusieurs facteurs comme la génétique, l’alimentation, ou le stress peuvent modifier le fonctionnement normal de ces neurones et ainsi affecter la capacité de notre cerveau à réguler adéquatement notre poids, ce qui peut éventuellement mener au développement de l’obésité.

Non seulement notre cerveau est impliqué dans le développement de l’obésité, il est aussi la cible principale de la majorité des médicaments prescrits pour la perte de poids. Dernièrement, des médicaments analogues du Glucagon-like peptide-1 (GLP-1) ont fait leur apparition (par ex. : Ozempic®, Rybelsus®, Wegovy®). Ces médicaments imitent une hormone naturellement présente dans notre corps, le GLP-1, qui possède un effet coupe-faim. Bien qu’il soit clair que la perte de poids causée par les analogues du GLP-1 résulte de leur action dans certaines régions du cerveau, les scientifiques ne s’entendent toujours pas sur le type de neurone précis responsable de leurs effets coupe-faim, limitant le développement de stratégies thérapeutiques plus efficaces et plus abordables pour les personnes vivant avec obésité.

Récemment, nos travaux de recherche ont permis de découvrir et de décrire un nouveau type précis de neurones qui pourrait être la cible des analogues du GLP-1 et qui pourrait être très important pour le contrôle de l’appétit. Ces neurones, qui étaient auparavant méconnus, expriment la protéine Cellular retinoic acid binding protein 1 (CRABP1) et se retrouvent dans une région bien précise du cerveau appelée le noyau arqué de l’hypothalamus. Cette région est bien connue pour sa fonction de régulation de l’appétit et du poids corporel. Nous avons découvert que les neurones CRABP1 sont capables de détecter plusieurs hormones importantes pour la régulation de l’appétit et du poids corporel comme la leptine et le GLP-1. Nous avons observé que l’activité des neurones CRABP1 augmente à la suite d’un jeûne et diminue suivant la prise alimentaire ou l’administration d’un analogue du GLP-1, le liraglutide. En bref, nos travaux identifient les neurones CRABP1 comme étant une cible potentielle par laquelle les analogues du GLP-1 exercent leurs effets coupe-faim. Cette étude pourrait ainsi mener à une grande avancée dans la compréhension des mécanismes biologiques de régulation du poids corporel et du développement de l’obésité.