Camille Lafront

Camille Lafront

Doctorante en médecine moléculaire, Centre de recherche du CHU de Québec

Université Laval

Publication primée : The estrogen signaling pathway reprograms prostate cancer cell metabolism and supports proliferation and disease progression

Publiée dans : The Journal of Clinical Investigation

Résumé

La prostate est une glande sécrétoire faisant partie du système reproducteur masculin. Son développement et ses fonctions dépendent notamment de l’action des hormones sexuelles androgènes (telles que la testostérone) qui agissent au niveau des cellules de la prostate en se liant au récepteur aux androgènes. Ce dernier, une fois activé par les androgènes, peut contrôler plusieurs voies biologiques importantes pour la survie cellulaire, comme la production d’énergie.

Le cancer de la prostate est une maladie fréquente touchant annuellement un homme sur neuf au Canada. De façon générale, en contexte tumoral, les cellules de prostate nécessitent toujours l’action des androgènes pour se multiplier. Ce faisant, il existe plusieurs traitements antitumoraux afin de bloquer l’action de ces hormones et de ralentir la croissance du cancer. Initialement, ces thérapies fonctionnent bien, mais elles deviennent inefficaces avec le temps puisque les cellules cancéreuses finissent par acquérir une résistance envers ces traitements et continuent de se multiplier malgré tout. À cette étape de la maladie, très peu de traitements arrivent à ralentir la progression du cancer de la prostate. Il est donc primordial de découvrir de nouvelles options thérapeutiques pour traiter les patients, particulièrement pour ceux qui ne répondent pas ou plus aux traitements ciblant le récepteur aux androgènes.

Les estrogènes sont une autre famille d’hormones sexuelles, et bien qu’ils soient souvent associés aux femmes, les hommes sont également capables d’en produire à des niveaux plus faibles. En effet, ces hormones sont aussi nécessaires pour réguler le développement de la prostate normale. En contexte tumoral, des niveaux élevés d’estrogènes dans le sang des patients sont associés à des cancers de la prostate plus agressifs. L’impact de ces hormones passe par leur liaison au récepteur aux estrogènes alpha (ERα); ce dernier est bien connu et étudié dans le cancer du sein, cependant ses fonctions dans le cancer de la prostate restent assez méconnues. Pour mieux comprendre l’association entre des fortes concentrations d’estrogènes et le cancer de la prostate, nous avons voulu identifier le rôle de ERα dans ce contexte afin de définir si son blocage pouvait devenir une nouvelle option thérapeutique intéressante.

Ainsi, nos travaux ont permis de déterminer que ce récepteur était présent dans 50% des tumeurs de patients. De plus, une fois qu’il est activé par les estrogènes, ERα participe à la production d’énergie dans les cellules de cancer de la prostate, un rôle indispensable favorisant la croissance tumorale. Finalement, il est possible de bloquer l’action de ce récepteur par des médicaments qui sont déjà en utilisation en clinique pour le cancer du sein. Ainsi, cet article présente une nouvelle avenue thérapeutique pour le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez l’homme au Canada, qui a un fort potentiel d’améliorer la survie et la qualité de vie des patients qui ont des tumeurs ERα-positives.