
Gabriel Tiraboschi
Stagiaire postdoctoral
Université de Sherbrooke
Publication primée : Adolescent internet use predicts higher levels of generalized and social anxiety symptoms for girls but not boys
Publiée dans : Preventive Medicine Reports
Résumé
Le temps quotidien passé sur internet par les adolescents a augmenté pendant la pandémie. Ceci ne serait pas sans conséquence pour les adolescents. Une utilisation fréquente d’internet serait associée à une augmentation de l’anxiété chez les adolescents. Il est aussi possible que le temps passé en ligne soit une stratégie d’évitement chez les adolescents qui présentent des symptômes d’anxiété. L’association entre l’anxiété et le temps passé en ligne pourrait aussi varier entre les garçons et les filles. Des études récentes montrent d’ailleurs que les adolescentes manifestent davantage de symptômes d’anxiété et de dépression que les garçons en raison du temps passé sur internet.
La présente étude vise donc à répondre aux questions suivantes : 1) Le temps passé en ligne rend-il les adolescents et adolescentes plus anxieux ou est-ce d’emblée des adolescents plus anxieux qui passent beaucoup de temps sur internet? 2) Est-ce que ces associations sont les mêmes pour les garçons et les filles? Pour répondre à ces questions, des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont examiné la bidirectionnalité des associations entre le temps passé en ligne et les symptômes d’anxiété généralisée, qui consiste en des inquiétudes persistantes et excessives envers la vie quotidienne, et les symptômes d’anxiété sociale, qui se caractérise par une peur intense des situations sociales. À 15 et 17 ans, 1324 adolescents québécois (52,7% de filles) ont indiqué combien de temps par semaine ils avaient passé sur internet au cours des trois derniers mois pour jouer à des jeux en ligne, faire des recherches, clavarder ou être sur Facebook, en excluant le temps passé sur internet à l’école. Ils ont également rapporté leurs symptômes d’anxiété généralisée (ex., j’ai des soucis qui interférent avec ma vie de tous les jours) et d’anxiété sociale (ex., j’ai peur ou je tente d’éviter les situations où il y a beaucoup de monde). Une modélisation statistique de pointe a ensuite permis aux chercheurs de déterminer la direction des associations entre l’anxiété et le temps passé sur internet. Les résultats de cette étude publiés dans la revue Preventive Medicine Reports montrent que le temps passé en ligne à l’âge de 15 ans prédit des niveaux plus élevés d’anxiété généralisée et d’anxiété sociale à 17 ans, et non l’inverse, et ceci seulement pour les adolescentes. Mais pourquoi est-ce seulement le cas pour les filles et pas pour les garçons? Une piste d’explication possible est que les adolescentes passent plus de temps en ligne sur les médias sociaux que les garçons, et qu’elles seraient plus vulnérables aux effets négatifs du temps passé en ligne due à leur sensibilité accrue à se comparer aux autres. Les médias sociaux montrent souvent du contenu irréaliste (ex., mode de vie, standard de beauté), ce qui pourrait nuire à l’évaluation que ces adolescentes font de la leur propre vie et de leur image corporelle, et par conséquent, augmenter leurs symptômes d’anxiété. Par conséquent, aider les filles à développer de saines habitudes médiatiques représente une cible d’intervention potentielle pour promouvoir une meilleure santé mentale chez les adolescentes.