Miranda Gómez Díaz

Étudiante en maîtrise de psychologie 
Université Concordia

Publication primée : Testing theories of the vocabulary spurt with monolingual and bilingual infants

Publiée dans : Developmental Psychology

Résumé

Le développement du langage est marqué par de nombreuses étapes, comme les premiers mots d’un enfant vers l’âge d’un an. Quelques mois plus tard, de nombreux enfants présentent une poussée de vocabulaire, une période au cours de laquelle ils commencent à apprendre des mots plus rapidement. Ce modèle d’apprentissage des mots est souvent utilisé par les professionnels de la santé comme un signe de développement typique. La poussée de vocabulaire a été largement étudiée chez les enfants monolingues, mais pas chez les enfants bilingues, qui constituent environ 25% des enfants élevés dans les villes canadiennes. Ainsi, peu est connu sur la poussée de vocabulaire chez les jeunes bilingues.
Notre étude a posé trois questions sur la poussée de vocabulaire chez les enfants bilingues. Premièrement, les enfants bilingues présentent-ils une poussée de vocabulaire ? Deuxièmement, si c’est le cas, cela se produit-il dans chacune des deux langues ? Enfin, si une poussée se produit dans les deux langues, se produisent-elles en même temps et sont-elles constituées du même nombre de mots au cours de la poussée ? Comprendre la poussée de vocabulaire chez les enfants bilingues pourrait aider les parents et les professionnels du langage à savoir à quoi s’attendre en matière de développement du langage.
Nous avons étudié 45 nourrissons bilingues français-anglais et monolingues français ou anglais de manière longitudinale entre 16 et 30 mois d’âge. Nous avons mesuré l’exposition de l’enfant à chaque langue au moyen d’entretiens structurés avec ses parents. Le nombre de mots que les enfants savaient prononcer a été mesuré chaque mois à l’aide de listes de vocabulaire en français et en anglais. Nous avons utilisé des analyses statistiques pour déterminer si un enfant présentait une poussée dans chaque langue.
Dans l’ensemble, le degré d’exposition des enfants bilingues à une langue particulière a eu un impact important sur leurs poussées de vocabulaire. Tout d’abord, nous avons constaté que la plupart des nourrissons (76%), mais pas tous, présentaient une poussée de vocabulaire. Deuxièmement, de nombreux enfants présentaient une poussée dans une seule langue, et les enfants étaient 1,5 fois plus susceptibles de présenter une poussée dans leur langue dominante (la plus entendue) que dans leur langue non dominante (la moins entendue). Enfin, la poussée de vocabulaire avait tendance à être plus précoce et les enfants apprenaient plus de mots pendant la poussée lorsqu’ils entendaient une langue en plus grande proportion, ce qui suggère que les enfants moins exposés à une langue peuvent développer leur vocabulaire sans que cela ne ressemble à une poussée de vocabulaire.
Nos résultats sont importants pour les parents qui élèvent des enfants bilingues, car ils montrent qu’une poussée plus tardive ou même absente n’est pas nécessairement une raison de s’inquiéter, en particulier dans la langue non dominante de l’enfant. Bien que la poussée de vocabulaire puisse être indicateur d’un développement typique, les professionnels du langage précoce, tels que les pédiatres ou les orthophonistes, ne devraient pas se fier uniquement à la poussée pour identifier des retards de langage potentiels chez les jeunes bilingues.